L'indice S&P/TSX, principal baromètre boursier canadien, affiche une hausse de 29% depuis le début de 2009. Néanmoins, malgré une remontée spectaculaire des indices mondiaux depuis mars (65% et plus), les investisseurs choisissent de se tenir loin du marché des actions.

Bien que compréhensible, la timidité du retour vers le marché des actions met en relief la relation irrationnelle que nous entretenons avec la notion de risque. Les fonds communs de placement destinés au marché des actions subissent des décaissements quasi ininterrompus depuis l'automne 2008 alors que les investisseurs se dirigent en masse vers le confort des produits obligataires. Les grandes caisses de retraite maintiennent quant à elles des pondérations d'actions historiquement basses.

 

C'est donc dire que, collectivement, nous détenions une plus forte proportion d'actions avant et pendant la baisse de 2008 que pendant la remontée de 2009. Sur le plan rationnel, on devrait pourtant réduire son exposition au risque en période d'excès de confiance et l'augmenter en période d'excès de prudence.

Clairement, les cicatrices de 2008 paralysent encore les investisseurs. Et cela risque d'être le cas pour plusieurs années. La désillusion causée par les rendements boursiers mitigés des 10 dernières années plombe l'appétit pour le risque. Une des options prisées par les caisses de retraite est l'investissement direct dans les produits de base, tendance qui profite au marché boursier canadien.

Les actifs défensifs comme les titres obligataires continueront d'avoir la cote jusqu'à ce que le marché boursier enfile quelques années de rendement positif, ce qui risque d'arriver en même temps que nos valeureux Canadiens pourront espérer gagner la Coupe Stanley! Pourtant, les taux d'intérêt sont actuellement au plancher et une remontée affectera considérablement la performance des obligations.

Pour l'instant, l'ampleur du redressement boursier des derniers mois semble davantage refléter un retour vers la normale qu'un débordement d'optimisme. Depuis mars, les marchés sont passés de la psychose des années 30 à escompter une sortie de récession. Cette phase de normalisation n'est pas encore terminée et les indices pourraient grimper d'encore 10% avant de s'essouffler. Certes, la situation économique n'est pas rose pour autant, mais la dépression a été évitée. Dans les pays en développement, le rythme de croissance est d'ailleurs rapidement revenu au niveau pré-crise.

Si l'amélioration du climat économique se poursuit en 2010, il y a fort à parier qu'un plus grand nombre d'investisseurs envisagera d'augmenter le contenu en actions de leur portefeuille. La prochaine période de contribution REER pourrait témoigner de ce renouveau d'appétit pour le risque. Toutefois, la solide performance boursière de 2009 a peu de chance de se répéter en 2010 alors que la fenêtre qui s'offrait au début de 2009 se referme.

Au-delà des chiffres et autres équations mathématiques qui nourrissent quotidiennement la scène économique, il est primordial de réaliser que les marchés financiers restent influencés par les perceptions. Sur de longues périodes (plus de trois ans), les liens de causalité entre la réalité économique et les marchés sont solides. Mais si on tente de déceler le caractère rationnel du comportement des marchés financiers sur une courte période, on surestime notre processus décisionnel.

Pour les investisseurs, il s'agit d'un concept primordial puisque le processus de prévision de rendements, lequel est constamment empreint de biais, affecte notre niveau d'appétit pour les actions et les obligations. L'allocation d'actifs demeure la clé du succès de tout portefeuille. La répartition actions/obligations doit tenir compte tant de son propre profil que du profil risque-rendement du marché.