«Le seul tyran que j'accepte sur cette terre, c'est ma petite voix intérieure» (Gandhi)

Richard Colvin, ambassadeur de haut niveau, en poste en Afghanistan, a écouté sa petite voix intérieure et il a dénoncé, dans ses rapports au gouvernement canadien, le fait que des prisonniers «talibans» ou «suspects», étaient torturés après avoir été transférés par les soldats canadiens, aux forces du président Karzaï.

Le gouvernement Harper l'a démenti et accusé de faire le jeu des talibans. Quelle esquive malhonnête pour discréditer un homme de coeur: tuer le messager pour ne plus entendre le message, refrain connu.

De par mon expérience de vie, je sais qu'il est très difficile de ne pas hurler avec les loups quand on fait partie de la meute. Est-ce que vous vous souvenez des expériences suivantes? Prison de Pitesti (Roumanie) ou comment créer des robots humains, expérience de Milgram (ce faux médecin en blouse blanche supervisant les chocs électriques donnés par des gens comme vous et moi, et qui potentiellement pouvaient donner la mort dans de grandes souffrances).

Vous pouvez aussi vous renseigner sur les expériences de l'unité 731 (Japon), sur les dissections dans les camps japonais ou allemands, sur le Chili de Pinochet, le rôle de la CIA ou de tous les services de « renseignements » de par le monde. Selon Amnistie internationale, plus de 100 pays torturent leurs citoyens. Pour faire bonne mesure, si vous passez par Carcassonne, visitez le musée de la torture pour femmes...

Ce bref aparté pour dire que «l'homme est un loup pour l'homme, un monstre» Montaigne.

Mais nous sommes, je suis, dangereusement influençable : le rapport de Milgram conclut que certaines personnes acceptent n'importe quel travail pourvu qu'elles soient sous l'autorité d'une personne qui en supporte la responsabilité. (Pas toujours facile de trouver une personne imputable). J'ai obéi aux ordres, chef! Comme les nazis et autres militaires. Ici, je ne veux pas jeter l'opprobre sur les vrais soldats, les p'tits gars qui y vont de bons coeurs et qui espèrent que leur sacrifice ne sera pas vain.

Nous connaissons tous la théorie du premier pas: une fois que l'on a fait quelque chose qui va, parfois, à l'encontre de notre petite voix, on se justifie en continuant ce que l'on fait et aussi en amplifiant nos actions. C'est le principe du petit compromis qui de fil en aiguille mène à la compromission et aux couloirs des tortionnaires-fonctionnaires.

La torture: pourquoi, pour qui? Par qui, nous l'avons vu, par des gens bien ordinaires (lire Les Bienveillantes).

La torture, c'est un système avec un bourreau qui représente une autorité «officielle» ou qui agit sous les ordres de cette autorité (policier, militaire, médecin, gardiens de prison)

Pourquoi? Pour obtenir des aveux ou des renseignements, pour briser moralement une personne, pour la déshumaniser, pour la terroriser elle et son groupe social, pour la punir. Il y a chez le bourreau un aspect sadique, et il sait qu'il ne sera jamais condamné... puisqu'il agit au nom de la justice et du pouvoir.

Les moyens pour obtenir ces aveux ou ces renseignements se perfectionnent et laissent moins de marque que par le passé (fini ou presque les chaînes, le fouet, la matraque, les brûlures, les épingles brulantes sous les ongles, chaises à clous, la question, etc...)

Aujourd'hui, on n'arrête pas le progrès, les tortionnaires s'entourent de médecins ayant fait à Hippocrate le serment de soulager la douleur et qui jugent du seuil de tolérance acceptable de la victime soumise au supplice... l'important c'est de faire souffrir en évitant la mort. « On » se sert des drogues, des matraques électriques, du viol et autres sévices sexuels, des médicaments qui rendent fou.

Le commerce mondial des armes électriques est à la mode. Ces armes (genre Taser) laissent peu de marques et font un maximum de douleur. La mort de ce touriste polonais à Vancouver m'a laissé un goût amer. Cet homme, désorienté, exprimant sa douleur par un comportement anormal, est devenu un inhumain qu'il fallait soumettre. Mais il aurait dû apprendre l'anglais avant de venir au Canada.

La torture est illégale : article 5 de la Déclaration universelle des droits de l'homme et de la femme «Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitement cruels ou dégradants». Certains pays autorisent encore les amputations, les flagellations, le marquage au fer. À croire que leurs dirigeants ne savent pas lire.

Nous pouvons lutter contre la torture en faisant appel au bon sens (courriels à nos députés, et à Nos premiers ministres et autres responsables imputables). Rien ne justifie la torture, aucune idéologie ne justifie la mort d'un homme ou d'une femme, encore moins d'un enfant.

En terminant, je veux remercier M. Richard Colvin (une chance qu'il y a des Hommes qui sont l'honneur de notre humanité) pour son courage et aussi rappeler les paroles de M. Barack Obama: «J'ai été clair durant cette campagne sur le fait que sous mon administration, les États-Unis ne torturent pas». C'est aussi très courageux...

La torture est illégale, immorale, dangereuse et contreproductive. Elle n'entraîne qu'un enchaînement, une spirale de violence, de vengeance, d'attentats, de répression et de meurtres et ce sont des innocents qui en sont les victimes.

J'ai épousé les valeurs canadiennes et elles me sont chères. À mes yeux, la conduite du gouvernement canadien actuel ne les respecte pas.