Les policiers ne sont pas des «anges», mais des professionnels qui doivent intervenir dans des situations qui sont à l'occasion à haut risque.

Dans ces situations, les modes d'action formalisés dans un contexte d'entraînement ne sont pas toujours fonctionnels, surtout lorsqu'ils sont confrontés au crime organisé tel que celui des Bloods de Montréal-Nord, des Crips du quartier Saint-Michel à Montréal, sans compter les réseaux criminels plus anciennement implantés.

On leur demande aussi trop souvent d'intervenir d'une manière répressive, pour maintenir un ordre social injuste, notamment dans les conflits ouvriers, mais aussi dans le contexte de manifestations qui expriment les légitimes aspirations ou revendications de la population.

Par ailleurs, tout en exigeant d'eux une formation qui comporte quelques bases de la sociologie, donc de caractérisation sociale des individus et groupes, on voit les diverses cohortes de démagogues professionnels leur reprocher de faire du «profilage»...!

Il me semble que les policiers québécois sont en ce moment, notamment avec l'affaire Villanueva, les «boucs émissaires» de situations de dégradation sociale et sécuritaire, dont les responsables politiques, économiques et sociaux sont insuffisamment désignés comme tels. Les destructeurs et délocalisateurs d'emplois, les opérateurs politiques de la communautarisation et de la ghettoïsation, les propagateurs des cultures de la désaffiliation sociale et du gangstérisme identitariste, etc., peuvent bien se cacher derrière l'écran de fumée d'enquêtes et de commissions, lors desquelles des policiers sont livrés en pâture à des pathétiques «manifesteurs» se répandant en cris haineux et en menaces de mort: «Lapointe, bourreau. Le peuple aura ta peau!» (La Presse, 3 février).

Il ne s'agit pas de minimiser les faits relatifs à des dérapages commis par des policiers, voire à des abus de pouvoir ou de force qui pourraient être motivés par des attitudes racistes ou intolérantes à l'égard de certains citoyens. Mais il faut d'abord se demander à quelles fins les instances de l'État spécialisées dans le contrôle social sont utilisées par les groupes dominants de la société.

Le procès public et médiatique qui est fait aux deux policiers qui sont intervenus à Montréal-Nord le 9 août 2008 me paraît injuste et intolérable, mais aussi socialement dangereux et contre-productif.

Lorsque j'ai subi, en présence de mes enfants, à Montréal, une tentative d'invasion de domicile par trois criminels d'origine haïtienne, ce ne sont pas les «militants» antiétatiques et antipoliciers qui sont intervenus... D'ailleurs, un bon nombre de ces «militants» considèrent avec admiration les exactions sociales des Bloods et autres entrepreneurs criminels, qui seraient selon eux des «révoltés».

Il est temps que les médias fassent entendre d'autres points de vue que celui des fétichistes antipoliciers qui s'agitent sous la bannière de la CRAP (Coalition contre la répression et les abus policiers) dans le contexte de l'enquête publique Villanueva.