La polémique entourant les résultats de la Caisse de dépôt et placement du Québec, en plein coeur d'une crise financière qui semble s'éterniser, n'a pas sa place. Alors qu'on ne cesse de répéter que l'ampleur de la crise financière et du ralentissement économique dépendra de la sérénité et de la confiance que conserveront les Québécois malgré la tempête, comme tous les autres citoyens du monde, voilà que certains se font les artisans d'un vent de panique qui pourrait coûter cher au Québec.

Dans les moments difficiles que nous vivons à la grandeur de la planète, s'il y a une chose dont nous n'avons pas besoin, c'est d'une réaction survoltée, dirigée vers de présumés coupables et qui accroît le climat d'incertitude et d'insécurité.

Il y a moins d'un an, est-il nécessaire de le rappeler, personne ne pouvait prévoir que le système financier international serait à ce point ébranlé. Les plus grandes banques américaines et européennes, des fleurons qui faisaient hier la fierté des nations, ont déclaré faillite ou sont maintenant soutenues par des milliards de dollars de fonds publics.

Nous avons la chance, ici, d'avoir cultivé depuis des décennies un réflexe de prudence face au risque et un préjugé favorable à une réglementation plus stricte du secteur financier, quelquefois critiquée, mais qui aujourd'hui nous sert bien. Nous sommes surtout reconnus pour notre capacité de rebondir et de serrer les coudes, appuyés par des entreprises solides et des instruments puissants, et qui le sont encore aujourd'hui, comme la Caisse de dépôt et placement, la SGF et le mouvement coopératif.

Mieux équipés

Nous sommes peut-être mieux équipés que bien des nations pour passer à travers ces moments difficiles. Mais pour cela, il faut nous retrousser les manches, comme plusieurs générations l'ont fait bien avant nous, et faire preuve de sérénité et de hauteur, bien au-delà de la partisanerie politique.

Une image forte me revient d'ailleurs et me conforte dans cette conviction: en plein coeur de la présidentielle américaine, Barack Obama et Jonh McCain, tous deux assis à la même table, calmes et solennels, étaient parties contractantes d'une solution à la crise. Tous devraient s'en inspirer.

Oui, il faut faire preuve de transparence dans la gestion et l'administration des fonds publics. La Caisse est tenue de le faire chaque année depuis sa création et s'en acquitte admirablement bien. Le congé forcé de son principal dirigeant n'éclipsera pas le travail de l'équipe chevronnée toujours à l'oeuvre pour procurer aux Québécois le maximum de rendement de leurs épargnes et le minimum de pertes dans les circonstances.

Oui, la population a le droit de savoir. Mais elle a surtout besoin d'être rassurée, de savoir qu'encore une fois nous nous en sortirons, et peut-être grandis. Elle a notamment besoin d'entendre ou de réentendre ce que les leaders politiques ont à proposer pour l'aider à sortir de cette crise, à regarnir son portefeuille et propulser le Québec vers une nouvelle ère de prospérité.

L'auteur est économiste et conseiller principal au cabinet de relations publiques National, à Québec. Il a été durant de nombreuses années porte-parole du Bloc québécois en matière de Finances et candidat défait du Parti québécois aux élections de 2007.