Cet homme est un battant. C'est la quatrième fois de suite qu'il obtient le plus de voix à une élection générale au Québec. C'est la troisième fois consécutive qu'il est élu premier ministre. Et il a réussi l'exploit de reconquérir une majorité après avoir frôlé la défaite. C'est l'homme qu'il faut pour tenir la barre dans la tempête.

Les adversaires de Jean Charest ont tenté, au cours de cette campagne, de le dépeindre comme arrogant. Pourtant, c'est de l'exact contraire dont j'ai été témoin. Car il faut une grande humilité pour se remettre en question à 50 ans, changer sa façon de travailler et regagner un à un les appuis perdus.

 

Beaucoup de choses ont été dites sur le «nouveau Jean Charest «, mais l'essentiel est que l'homme lui-même a cheminé. Quand il dit «j'ai appris «, ce n'est pas une figure de style. Au gré des mois et des épreuves, son engagement envers notre nation s'est incarné avec plus de force. Les Québécois perçoivent cette authenticité et ils voient Jean Charest tel qu'il est maintenant: pleinement et en son âme et conscience, premier ministre du Québec.

Et ce n'est pas un premier ministre ordinaire. Il y a bel et bien une «révolution Charest «.

Il y a un an, lorsque Jean Charest a commencé à parler d'une entente France-Québec sur la reconnaissance des acquis et des compétences, on a haussé les épaules. Cette entente a été signée. Elle permet à un travailleur formé en France de venir exercer son métier au Québec et vice versa. Un tel couloir de mobilité entre deux États est une première mondiale.

Il y a un an, lorsque M. Charest a commencé à parler d'un libre-échange Canada-Europe, on se disait «de quoi se mêle-t-il ? «. À lui seul, il a mobilisé les leaders politiques et économiques des deux cotés de l'Atlantique. Tant et si bien que bientôt les négociations s'enclencheront et le Québec, qui accueille déjà plus que sa part d'investissements européens, sera la grande porte d'entrée de l'Europe en Amérique du Nord.

Puis, avec le développement énergétique et le Plan Nord, il nourrit le rêve de faire du Québec la grande puissance nord-américaine des énergies renouvelables, disant du Québec qu'il est le meilleur atout du continent dans la bataille contre les changements climatiques.

Nous assistons à un changement de paradigme. Avant Jean Charest, le Québec se définissait par sa relation avec le Canada, tantôt collaboration, tantôt confrontation. Jean Charest marche en dehors de ces ornières. Il voit le Québec dans l'Amérique du Nord et le monde avec une perspective géopolitique. Il démontre par le geste que la solution aux défis du Québec ne passe pas par son statut, mais par sa stature.

Il l'a exprimé de belle façon lorsqu'il a accueilli le président français à l'Assemblée nationale. Jean Charest a alors dit à Nicolas Sarkozy: «Aujourd'hui et en ces lieux, c'est vous qui avez un accent.» Dans ce trait d'humour, il y avait un message sans équivoque : nous sommes fiers d'être Québécois.

L'auteur est, depuis 2002, le principal rédacteur des discours de Jean Charest