Ce 20 janvier 2009, avec l'assermentation de Barack Obama comme président, un nouvel espoir souffle non seulement aux États-Unis, mais partout sur la planète.

Force est de constater qu'Obama a réussi, depuis son éclatante victoire historique, à créer optimisme et espoir chez le peuple américain. Il a su réunir des rivaux (Clinton, Gates, Jones) avec des recrues de haut calibre (Geithner, Holder, Chu) et des valeurs sûres (Volkner, Sumner, Daschle et son vice-président, Biden). Cette transition du pouvoir fut une des plus réussies dans l'histoire américaine et a fait de cette nouvelle administration une des plus prometteuses depuis les beaux jours de John F. Kennedy.

 

Et pourtant, le nouveau président fait face aux plus grands défis que l'Amérique ait connus depuis Franklin Delanoe Roosevelt, en 1932. (...) Quatre de ceux-ci se profilent particulièrement à l'horizon pour Obama.

Le leadership moral de l'Amérique

D'abord, son administration doit agir avec des gestes concrets et constants pour restaurer la crédibilité morale de l'Amérique sur l'échiquier mondial. Une force économique qui est de moins en moins évidente et une force militaire qui est de plus en plus limitée ne pourront jamais remplacer le leadership moral de l'Amérique dans la communauté des nations. Déjà, le choix d'un premier président afro-américain en a surpris plusieurs. Mais Obama sait bien que cela sera loin de lui assurer une place dans l'histoire. Parmi les premiers gestes concrets qui pourraient être posés, il nous annonce son intention de fermer la prison de Guantanamo, à Cuba, et d'abolir l'utilisation de la torture lors des interrogatoires de suspects en matière de terrorisme. Par ailleurs, Obama entend privilégier une approche plus multilatérale et plus inclusive. Son tempérament est définitivement plus axé sur le dialogue et l'écoute sans toutefois éliminer l'utilisation de la force militaire lorsque nécessaire pour assurer la sécurité de son pays. Obama a à maintes reprises souligné que les valeurs et les idéaux associés à la constitution américaine seront au coeur de l'action politique de sa présidence.

Plan économique

Deuxièmement, Obama doit agir rapidement en matière économique comme il l'a d'ailleurs indiqué au lendemain de sa victoire. Déjà, son plan économique fait des gorges chaudes même parmi des collègues de son propre parti. Mais il croit plus que jamais qu'il doit bâtir le consensus le plus large possible pour réussir et favorise davantage l'unité du peuple que la division partisane si on veut véritablement changer la réalité économique des États-Unis. Son approche en matière économique propose donc d'aller au-delà des méthodes traditionnelles associées à la fiscalité et à l'investissement de l'État. Il devra résister aux réflexes protectionnistes de certains de ses plus ardents partisans. Il veut changer la culture économique de son pays en investissant davantage dans l'économie verte et l'économie sociale.

Troisièmement, ce qui risque de s'avérer comme le défi le plus difficile et le plus complexe surviendra en matière de politique étrangère. L'héritage de George W. Bush ne se limite pas seulement aux guerres en Irak et en Afghanistan. Le conflit entre l'Inde et le Pakistan reste entier. Il risque même de prendre des proportions encore plus importantes à court terme. Les conflits autour d'Israël et de la Palestine seront au premier plan le jour même de son assermentation. À cela s'ajoute la possibilité du développement de l'arme nucléaire en Iran, l'imprévisibilité chronique de la Corée du Nord et la menace constante d'Al-Qaeda, qui accapareront aussi l'attention du nouveau président.

Finalement, l'enjeu du réchauffement climatique: sans nul doute que cet enjeu majeur pourra le plus contribuer à marquer sa présidence. Ce nouveau président est vu comme le porte-étendard d'une nouvelle génération et l'environnement est au centre des priorités de la jeunesse américaine et la jeunesse mondiale. Obama a créé l'espoir mondial d'un nouveau leadership américain en matière d'environnement.

Avec un nouveau président américain charismatique et inspirant, la table est désormais mise pour le vrai départ du XXIe siècle. Ainsi donc, Obama prend aujourd'hui les rênes de la plus grande puissance mondiale et devra faire face à des problèmes encore plus complexes et dangereux que durant le dernier siècle. Sa réussite déterminera si ce siècle a débuté avec les terribles événements du 11 septembre 2001, qui laissaient présager le pire; ou avec son élection qui, combinée à la vision et au leadership du nouveau président, pourrait mener l'humanité vers un monde meilleur.

MM. Parisella et Cuccioletta sont coauteurs du livre «Élections Made In USA, Édition 2008», ainsi que chercheurs associés à l'Observatoire sur les États-Unis de la chaire Raoul-Dandurand.