Le président Barack Obama vient de livrer devant le Congrès son premier discours sur l'état de l'Union. Il a été égal à lui-même: éloquent, cérébral, émouvant. Mais, à l'évidence, la magie du candidat Obama a perdu de son envoûtement et Obama le président a d'abord cherché à expliquer le sens de son action plutôt qu'à dévoiler un grand dessein aussi inaccessible que vain au moment où les États-Unis ont surtout besoin de mettre de l'ordre dans leurs affaires intérieures. Après un an de pouvoir, le poids des responsabilités s'est imposé sur la rhétorique.

Le président Barack Obama vient de livrer devant le Congrès son premier discours sur l'état de l'Union. Il a été égal à lui-même: éloquent, cérébral, émouvant. Mais, à l'évidence, la magie du candidat Obama a perdu de son envoûtement et Obama le président a d'abord cherché à expliquer le sens de son action plutôt qu'à dévoiler un grand dessein aussi inaccessible que vain au moment où les États-Unis ont surtout besoin de mettre de l'ordre dans leurs affaires intérieures. Après un an de pouvoir, le poids des responsabilités s'est imposé sur la rhétorique.

La situation du pays ne sourit pas au président. Elle reste fragile, car il a hérité de deux guerres, d'un déficit budgétaire historique, d'une débâcle des institutions financières, d'un chômage grandissant et d'un prestige international à son plus bas, gracieuseté de l'administration précédente. Le président avait promis le changement à un électorat en colère. Il s'est rapidement mis au travail, lui et son équipe inondant de projets de loi un Congrès sclérosé et aux ordres des lobbys. Le président a bousculé bien des intérêts et des chasses gardées. Il a aussi fait des erreurs qu'il a eu l'humilité de reconnaître lors de son discours.

Aussi importantes soient-elles, les réformes imposées à marche forcée ne sont jamais populaires. Aujourd'hui, après une série de cinglants désaveux électoraux, le président est aux prises avec un triple problème.

Premièrement, il en fait visiblement trop au goût d'une partie de l'électorat désorientée par l'ampleur des réformes et mal informée à leur sujet. Obama a promis d'expliquer, d'expliquer et encore d'expliquer.

Deuxièmement, lui et son équipe ont reconnu avoir perdu le contact avec la base démocrate et les quelque 15 millions de nouveaux électeurs mobilisés en 2008 lors de la campagne présidentielle et qui le boudent depuis quelques mois. Obama a promis d'être à l'écoute.

Troisièmement, il a sous-estimé le caractère vicieux et revanchard de l'opposition républicaine. Purgé de ses éléments modérés, le Parti républicain est maintenant aux mains d'un gang de rue dont le cri de ralliement est simple : chaque nouveau projet de loi sera un Waterloo pour le président. Le menu législatif a donc été systématiquement saboté et il ne s'est pas trouvé un seul républicain pour voter la mesure économique la plus importante, le Recovery Act, afin de réparer le désastre légué par Bush.

Jamais les démocrates n'ont fait subir une telle médecine à l'ancien président. Obama sait tout cela, mais il a tendu la main afin que tous travaillent pour «les intérêts de l'Amérique». On ricanait sur les banquettes républicaines.

Les États-Unis sont constamment en période électorale et la prochaine échéance est la législative de novembre. Le président a quelques mois pour convaincre qu'il faudra du temps et de la patience afin que son plan économique, social et éducatif produise des résultats. L'exercice, aussi difficile soit-il en période de crise, n'est pas impossible. De nombreux électeurs sont en colère d'où les récents déboires électoraux et la chute de popularité du président. Pourtant, sur le fond des choses, il se trouve une majorité en faveur des choix de société proposés par les démocrates. Les républicains, eux, n'ont que la haine à offrir.

La présidence Obama est loin d'être morte – en 1993, 12 jours après son entrée en fonction, des commentateurs avaient prononcé l'oraison funèbre de Bill Clinton – et le président possède une capacité formidable à mobiliser les énergies. Les prochains mois seront un chemin de croix sans garantie de succès. C'est un dur moment à passer pour une présidence jeune, encore très jeune.