Je n'en peux plus de voir cette pub à la télé! Chaque fois que la compagnie Kellogg nous vante les mérites de ses céréales Rice Krispies à saveur de vanille, force est d'admettre qu'elle expose, en quelques secondes, un problème de société de plus en plus perceptible.

Je n'en peux plus de voir cette pub à la télé! Chaque fois que la compagnie Kellogg nous vante les mérites de ses céréales Rice Krispies à saveur de vanille, force est d'admettre qu'elle expose, en quelques secondes, un problème de société de plus en plus perceptible.

Au petit déjeuner, une mère de famille offre les fameuses céréales à son jeune garçon qui refuse obstinément d'y goûter. Devant l'insistance de sa mère, le garçon finit par perdre patience et répond sur un ton particulièrement insolent: «J'en veux pas!»

Loin de paraître offusquée - elle donne davantage l'impression d'être dépassée - la mère du garçon décide de recourir aux services de son frère aîné, qui lui aime bien les céréales en question, pour finalement convaincre son jeune fils de les manger. Une victoire stratégique pour tous les parents aux prises avec des enfants têtus? Peut-être bien. Mais également une publicité-miroir d'un courant fort répandu depuis quelques années: la naissance d'adultes négociateurs.

On impose de moins en moins, on propose. On ne parle plus de punitions, on donne des conséquences. De plus en plus, on cherche à démontrer au jeune qu'il est respecté en tant qu'être humain. Fort bien! Mais un problème émerge maintenant de ce virage dans notre relation avec les jeunes, à 180 degrés chez certains. La notion de «hiérarchie» semble vouloir disparaître de l'éducation transmise au sein de plusieurs familles québécoises.

On souhaite être respecté de son fils, de sa fille, pouvoir l'aimer et obtenir sa collaboration sans le brimer dans ses droits d'être un enfant. Pour ce faire, on en fait à tort un ami, parfois même un confident. Petit à petit, la fameuse phrase «j'en veux pas!» se répète, à la maison, puis à l'école. Et avec le temps, le jeune finit par confondre les notions de droits, devoirs, privilèges et caprices.

Si la relation parent-enfant devient plus chaotique, le contact du jeune en question avec d'autres adultes peut engendrer des tensions, pour ne pas dire des turbulences, parce que les valeurs qui lui sont «imposées» ne correspondent plus à son environnement familial.

Ses besoins, très personnels, voire ses caprices, qui obtiennent pourtant satisfaction à la maison, s'opposent alors diamétralement aux intérêts d'une collectivité comme un groupe d'élèves. Les appels à la maison, les rencontres parents-enseignante et les commentaires négatifs portés au bulletin de notes se multiplient... Et l'adulte négocie davantage en promettant un nouveau Xbox, si tout se passe bien à la prochaine étape scolaire.

Certes, notre relation avec l'enfant - et par ricochet avec l'élève - mérite d'être harmonisée avec des valeurs plus respectueuses de son unicité, peut-être en y ajoutant un soupçon de vanille. Il importe cependant d'y inclure des balises claires, pour tout le monde, avant que cette relation ne fasse «cric! crac! croc!»