Au primaire, on nous répétait sans cesse: «Tout le monde est unique!» L'adolescence est une période de transition déterminante dans la vie. C'est à ce moment qu'on construit ce qu'on devient. Certains cherchent et ont de la difficulté à trouver leur place, d'autres croient l'avoir trouvé, et plusieurs la trouvent réellement.

Au primaire, on nous répétait sans cesse: «Tout le monde est unique!» L'adolescence est une période de transition déterminante dans la vie. C'est à ce moment qu'on construit ce qu'on devient. Certains cherchent et ont de la difficulté à trouver leur place, d'autres croient l'avoir trouvé, et plusieurs la trouvent réellement.

Je suis un adolescent. En fait, j'achève mon adolescence et, contrairement à ce qu'on laisse croire fréquemment, ça s'est très bien passé pour moi. Je suis en cinquième secondaire, j'ai un bon cercle d'amis, une famille solide et surtout, une identité propre.

Pour la deuxième fois, mon école veut instaurer le port de l'uniforme. Lorsque j'étais en première secondaire, la direction de mon école avait tenté de rendre l'uniforme obligatoire, mais les élèves s'étaient soulevés contre et le projet avait été rejeté. Alors, voilà, toute la génération des opposants a maintenant terminé son secondaire, je fais partie des derniers de cette vague d'opposants. Évidemment, notre opinion n'est plus écoutée, car l'uniforme serait rendu obligatoire pour la prochaine année scolaire.

La direction, encouragée par les parents du conseil d'établissement, a fait parvenir des bulletins de vote aux élèves de niveau 1 à 4, leur demandant de se prononcer sur le port de l'uniforme. Cela semble plutôt démocratique et juste, non? Évidemment, si on ne mentionne pas que la signature des parents est nécessaire. Et, pour un parent, la solution de l'uniforme peut sembler avantageuse. Pas besoin de courir les magasins, pas de casse-tête pour choisir la tenue vestimentaire des filles, ni d'intimidation. Finalement, l'uniforme réglerait tous les problèmes! Achetons-en un au plus vite, afin d'être tous pareils! Qu'il soit brun, de préférence, parce que cette couleur laisse tout le monde, sans exception, totalement indifférent.

Notre société a une façon étrange de régler les problèmes: elle les cache. Le phénomène semble encore plus grand dans les écoles. Vouloir instaurer le port de l'uniforme à l'école montre peut-être une tendance à l'uniformisation globale. Les gens sont de plus en plus pareils, la différence étant mal vue. On dit souvent que le secondaire est l'école de la vie. Or, dans la vie, il y a des gagnants, des perdants et de l'intimidation. Apprendre à y faire face fait partie de l'adolescence. Si l'école est un lieu d'apprentissage, alors apprenez-nous à bien nous vêtir et à nous comporter en société avec des gens différents de nous!

Sinon, exploitons l'idée à fond! Portons l'uniforme brun, avec notre numéro d'élève et un code-barre sur l'épaule. Ainsi, lorsqu'on passera la porte d'entrée de l'école, notre présence sera tout de suite confirmée et personne ne pourra ressortir sans faire sonner le système d'alarme. En classe, au lieu d'apprendre nos noms, les professeurs n'auront qu'à lire notre numéro.

L'identité est un concept vague et instable, car il change selon la vision de chacun, mais il est indispensable à la vie humaine. Une identité commune parfaite est inconcevable et surtout non souhaitable. Oui, un sentiment d'appartenance à un groupe ou à une nation est aussi très important. J'ai un groupe d'amis qui me ressemblent et qui partagent beaucoup de choses avec moi. Mais nous sommes tous différents. Uniques.