Le taux de cholestérol des adultes canadiens est alarmant. Pour y remédier, il faudrait miser sur la prévention en insistant sur l'alimentation et les habitudes d'activité physique dès la petite école (La Presse, 24 mars). C'est ce que nous crions sur tous les toits depuis des années, mais avec un succès mitigé.

Nous avons toujours soutenu qu'une telle prise de conscience passait d'abord par l'école, prioritairement dans le cadre des cours d'éducation physique. Parce que tous les jeunes, du préscolaire au secondaire, ont l'obligation d'y prendre part, ces cours pourraient contribuer à établir une formation de base solide les incitant à répéter ces sensations agréables vécues à l'école dans leur quotidien.

Bien sûr, davantage d'éducation physique en milieu scolaire n'aurait pas pour effet direct d'abaisser le taux de cholestérol de la population. Mais on pourrait par contre entrevoir l'éducation sous un nouvel angle en formant de futurs citoyens acteurs de la société, et non de simples utilisateurs de services. Et pour ce faire, l'équilibre entre les composantes intellectuelle, sociale, affective et physique des jeunes est primordial.

Or, on le sait, les tout-petits du préscolaire ont peu ou pas du tout d'éducation physique. Ceux du primaire doivent chaque année croiser leurs doigts en souhaitant que leur école décide de leur offrir deux heures chaque semaine. Et pour les élèves du secondaire, disons qu'à 75 minutes en moyenne par semaine, ils n'ont pas le temps d'avoir chaud!

Nous sommes à l'ère des municipalités distribuant des contraventions à des jeunes qui jouent dans la rue. À l'ère des malades qui meurent en attendant une chirurgie. À l'ère aussi des gouvernements qui gèrent au gré du vent, en réponse à la grogne des citoyens, lorsqu'elle se fait trop insistante.

Il n'y a pas de morts causées par une insuffisance d'éducation physique chez les jeunes, pas de liste d'attente qui n'en finit plus dans les hôpitaux. Alors, le taux de cholestérol des citoyens va lui aussi devoir attendre, parce que la gent politique ne ressent pas de pression, même si elle a un devoir d'intervention.

«Les deux mains sur le volant», nous disait-on. Peut-être devrions-nous plutôt parler de «mains dans les poches».