Chaque fois que la ministre responsable de la Charte de la langue française, Christine St-Pierre, intervient dans le dossier linguistique, je ressens, comme plusieurs Québécois, un profond malaise. J'ai cette impression qu'elle fait tout pour remettre à demain ses obligations de gardienne de la loi 101.

Chaque fois que la ministre responsable de la Charte de la langue française, Christine St-Pierre, intervient dans le dossier linguistique, je ressens, comme plusieurs Québécois, un profond malaise. J'ai cette impression qu'elle fait tout pour remettre à demain ses obligations de gardienne de la loi 101.

Ce fut le cas en 2008 lorsque l'Office de la langue française avait refusé de rendre publique l'étude démographique du chercheur Marc Termote, que l'on disait alarmante. Après beaucoup de pressions des journalistes et du chercheur qui avait commencé à dévoiler de l'information, la ministre St-Pierre avait fini par sortir lesdites études de leur cachette. Elle avait alors promis «un bouquet de mesures», que nous attendons toujours par ailleurs. «Je ne suis pas assise sur mes mains, pas du tout», avait-elle répliqué. Nous avions alors appris que les francophones étaient devenus minoritaires sur l'île de Montréal.

Deux ans plus tard, rien n'a été fait. À cet égard, la journée de travail du 7 avril de la ministre restera pitoyable et mémorable. Appelée à commenter les nouvelles études du député Pierre Curzi, et endossées par Marc Termote, qui démontrent une augmentation importante des transferts linguistiques vers l'anglais, la ministre St-Pierre dit respecter le chercheur mais avance, parmi les solutions, «la fierté de bien parler français». La capacité d'attraction de l'anglais serait cinq fois plus forte que le français et tout ce qu'elle propose, c'est «retournons dans nos grammaires, sortons nos dictionnaires». Une petite dictée, avec ça?

Le même jour, la ministre avait une autre occasion de défendre le français. Dans le cas des écoles passerelles, où des parents contournent la loi 104 pour envoyer leurs enfants à l'école anglaise, Mme St-Pierre a décidé de remettre son devoir à l'automne. À propos du rassemblement prévu à Montréal par la Société Saint-Jean-Baptiste, elle adopte une attitude irresponsable: «On va voir qui va être là et combien ça va attirer de personnes.» En fait, elle nous dit: qu'ils aient raison ou qu'ils aient tort, s'ils sont nombreux et que ça dérange, j'interviendrai peut-être.

Les libéraux mettent la table pour une grave crise linguistique qui pourrait laisser des séquelles dans la société québécoise.

Je me rends souvent sur l'île de Montréal et je peux confirmer, sans même lire de savantes études, que le visage français de Montréal se dégrade depuis quelques années. Malheureusement, notre ministre est encore assise sur ses mains...