«Nous assistons à une révolution culturelle», se plait à répéter avec conviction apparente le ministre des Finances, Raymond Bachand. Cela démontre justement le manque de culture de ce gouvernement de comptables à courte vision.

«Nous assistons à une révolution culturelle», se plait à répéter avec conviction apparente le ministre des Finances, Raymond Bachand. Cela démontre justement le manque de culture de ce gouvernement de comptables à courte vision.

La grande Révolution culturelle (prolétarienne) a été en fait une campagne de répression rétrograde dans les années 60 en Chine. Mao Zedong l'a lancée pour se remettre en selle en purgeant et en humiliant au détour des centaines de milliers de ses concitoyens, dont un grand nombre d'intellectuels.

On a décrié le caractère régressif du récent budget Bachand qui ajoute des tarifs, contributions ou autres tickets de façon égale et unique, peu importe le revenu des contributeurs. On a raison, c'est tout à fait régressif et à l'encontre de la philosophie soutenant les modes d'imposition depuis les dernières décennies.

Mais ce budget est davantage immoral en ce qu'il prétend qu'il n'y a pas d'autre moyen pour l'État d'aller puiser les revenus qui, avec raison, lui font tant défaut.

Le ministre aurait pu profiter de la crise des finances pour faire une véritable révolution. Il aurait pu faire un pas en avant et initier des mesures fiscales novatrices, à la fois génératrices de revenus fiables et récurrents. Des mesures favorisant à la fois le développement d'une économie respectueuse de l'environnement, d'une économie basée sur la coopération et le commerce équitable et, pourquoi pas, sur une meilleure répartition de la richesse. En pénalisant les moins productifs en la matière et en encourageant ceux qui innovent et relèvent des défis environnementaux et sociétaux.

Les politiciens et leurs amis lucides autoproclamés, dont Pauline Marois récemment, nous bassinent avec l'absolue nécessité de la création de la richesse. Pourtant, dans le domaine de la fiscalité, on agit à l'opposé. Ce qui crée de la richesse c'est ce qui produit des biens, bâtit des habitations et des infrastructures, procure des services, fait avancer et professe le savoir, et apporte des soins à ceux qui en ont besoin. Ce qui ne crée pas de la richesse, mais qui accapare la richesse d'une classe au profit d'une autre, c'est la spéculation dans les domaines de la finance, du commerce et de l'immobilier. La sacro-sainte loi du marché.

On peut comprendre avec certaines limitations que nos lois fiscales accordent une exemption de taxation de 50% sur le gain en capital pour des opérations qui nécessitent une certaine dose de risque quand l'activité est créatrice de biens et d'emplois sur notre territoire. Mais comment comprendre un gouvernement qui se dit en difficulté financière, mais continue d'accorder des exemptions fiscales sur le gain en capital pour des activités qui ne créent aucune richesse et qui, au surplus, sont souvent totalement ou à peu près sans risque?

Le simple travailleur salarié ou autonome, soit la très grande majorité de la population, est imposé sur 100% de ses revenus. Pourtant, la plupart des activités exercées par cette classe de la population sont précisément créatrices de richesse.

Alors pourquoi les spéculateurs financiers ou immobiliers de ce monde ainsi que les hauts dirigeants confortablement assis sur leurs options sur actions, qui ne font rien d'autre que de faire transiter la richesse des autres - en s'en appropriant une partie très intéressante au passage - et ne créent en conséquence aucune richesse nouvelle, sont-ils eux exemptés en partant de 50% sur leurs gains quand il s'agit de payer leur juste part d'impôts? Et cela, quel que soit le parti au pouvoir? Poser la question, c'est y répondre.