Récemment, le gouvernement de Jean Charest a introduit et adopté la loi 94. Cette loi stipule que les femmes qui portent le niqab peuvent se voir refuser l'accès aux services publics, aux emplois, aux opportunités scolaires et à la plupart des services de santé.

Récemment, le gouvernement de Jean Charest a introduit et adopté la loi 94. Cette loi stipule que les femmes qui portent le niqab peuvent se voir refuser l'accès aux services publics, aux emplois, aux opportunités scolaires et à la plupart des services de santé.

Étant une personne dotée d'une conscience sociale importante, et en particulier, étant une musulmane qui porte l'hijab, cela n'est probablement pas la meilleure nouvelle qui m'attendait.

L'hijab est une coiffure portée par les femmes musulmanes. J'ai décidé de porter mon hijab quelques mois avant de commencer mes études de médecine (non, mon père ne m'y a pas forcé). Je me souviens d'une femme musulmane qui m'avait dit que ce serait l'arrêt de mon avenir académique et que toutes les portes de l'avenir me seraient fermées. Déterminée à remettre en cause ces commentaires, j'avais répondu que j'habitais un pays qui prônait la tolérance et l'égalité pour tous les individus. Lisant la loi 94, peut-être ai-je parlé trop tôt.

Depuis le 11 septembre 2001, la communauté musulmane est devenue de plus en plus vulnérable aux crimes haineux. Les résultats d'un sondage effectué par Environics, qui ont été publiés en mars, montrent que les musulmanes sont les plus susceptibles d'être victimes de crimes haineux et de discrimination. Il n'y a aucun cas documenté de problème de sécurité associé au petit nombre de femmes qui choisissent de porter le niqab comme une tradition culturelle (le niqab n'est pas une exigence religieuse). Si c'est la culture qui est à l'origine de cet accommodement raisonnable et non pas la religion, est-ce que nous devons nous attendre dans un avenir prochain à l'interdiction de la coupe mohawk et de la teinture henné?

Est-ce que je dois être surprise quand j'entends parler de racisme institutionnalisé?

Peut-être que M. Charest a oublié le racisme et la discrimination infligée par les Anglais aux Canadiens français. En tant que Québécois, nous louons les efforts des individus qui ont mis en évidence les épreuves vécues par notre peuple. Toutefois, quand nous ne réussissons pas à reconnaître le racisme et à le mettre en perspective, et en plus, nous profitons de la situation pour le légiférer, ces efforts louables et nos sentiments partagés ne seront que vaines paroles.

Soyons sérieux, M. Charest: la laïcité n'est pas le multiculturalisme.

Aujourd'hui, le Canada, et notamment, le Québec, sont vénérés pour leur attitude de tolérance et d'égalité pour tous. La Charte canadienne des droits et libertés déclare que toute personne a droit à la même protection et au même bénéfice de la loi, indépendamment de toute discrimination, notamment des discriminations fondées sur la race, l'origine nationale ou ethnique, la couleur, les déficiences mentales ou physiques, le sexe, l'âge ou la religion.

L'égalité pour tous fait partie de notre Constitution et reflète - ou du moins doit être un reflet de - nos valeurs comme peuple. Nous n'avons pas besoin des idées xénophobes importées d'Europe ou de nos voisins de Sud.

Je sais que la colère n'apporte rien. C'est l'action qui va nous aider à réaliser quelque chose: écrire des lettres aux membres du gouvernement, manifester, montrer notre frustration, crier. Aidez-moi à crier.