Permettez-moi de réagir au brouhaha concernant la disparition graduelle du français à Montréal. La raison principale pour laquelle les Québécois parlent de moins en moins le français est la qualité inacceptable de la version de cette langue qui est pratiquée au Québec.

Permettez-moi de réagir au brouhaha concernant la disparition graduelle du français à Montréal. La raison principale pour laquelle les Québécois parlent de moins en moins le français est la qualité inacceptable de la version de cette langue qui est pratiquée au Québec.

On ne parle pas ici de la langue d'une petite élite cultivée. Le problème se situe au niveau de la majorité significative des Québécois, et ce, dans tous les milieux, hélas.

On ne parle pas non plus ni de l'accent, ni de certaines particularités linguistiques - souvent sympathiques, d'ailleurs. On parle de syntaxe élémentaire, de grammaire minimale, de vocabulaire et d'orthographe. On parle de parler comme il faut, et d'écrire convenablement.

Dans cette perspective, pour ce qui est des «nouveaux arrivants» (sic) qui ne connaissent ni l'anglais ni le français, le choix de l'anglais est tout à fait logique et compréhensible.

L'anglais est une langue mondiale. Le français normatif, soi-disant «international», l'est déjà beaucoup moins depuis longtemps. Mais le français de base du Québec se présente, dans son état actuel, comme une langue régionale. Locale, même.

En somme, une sorte de dialecte, que même les francophones des autres pays du monde ont de la difficulté à apprécier, voire à comprendre. Et comme l'anglais demeure quand même une langue officielle admise, l'immigrant qui, de toute manière, est bien obligé d'apprendre l'une ou l'autre des deux langues en question, va pencher pour l'anglais. Par simple pragmatisme. Parce que, tous comptes faits et à terme, cela lui sera plus utile.

Dans ces circonstances, avant que l'on s'en prenne aux boucs émissaires de service que sont les immigrants, les Québécois de souche devraient se pencher plutôt sur le problème exposé ci-dessus, lequel s'aggrave avec le temps, au sein même des milieux originellement francophones du Québec.

C'est pour cela d'ailleurs que les Québécois de souche bilingues - les jeunes, surtout - préfèrent souvent, eux aussi, parler en anglais. Non seulement avec les allophones, mais parfois même entre eux.

Bref, ce ne sont sûrement pas les lois qui règleront ces problèmes fondamentaux. D'autant moins qu'une partie de ceux qui les promulguent ou qui les encensent parlent eux-mêmes un français approximatif.