Le feriez-vous? Montréal-Québec à vélo en deux jours? Pédaler pendant six, sept heures malgré la chaleur écrasante?

Le feriez-vous? Montréal-Québec à vélo en deux jours? Pédaler pendant six, sept heures malgré la chaleur écrasante?

Ma fille l'a fait. Elle a relevé le Cyclo-défi contre le cancer, au bénéfice de l'Hôpital général juif. Chapeau bas à elle, mais aussi au 1835 cyclistes qui ont participé. Quel défi!

Nous étions là, samedi, pour le départ des participants au Parc olympique, tous vêtus du chandail de l'organisation. Nous étions à Québec le lendemain comme bénévoles assignés à la ligne d'arrivée, témoins passifs du courage de tous ces jeunes et moins jeunes. Le défi en valait la chandelle, les organisateurs ayant amassé 6,7 millions de dollars.

À la ligne d'arrivée, j'ai vu plusieurs cyclistes munis d'un drapeau jaune, les identifiant comme «survivants du cancer». Le visage épuisé, à bout de force, mais le sourire aux lèvres.

«J'ai réussi, papa!»

Ma fille est arrivée dimanche à 16h05, complètement vidée mais tellement fière de l'avoir fait. «J'ai réussi, papa! J'ai réussi!» Elle a eu du mal à retenir ses larmes. Moi aussi, faut-il dire. Surtout qu'elle a relevé ce défi un peu pour moi, qui a été opéré d'une masse cancéreuse au tibia en 1992.

Un peu plus tard, j'ai tenté de rassurer une maman inquiète qui m'interrogeait sur l'organisation et l'encadrement des participants sur la route car sa fille, atteinte d'un cancer, n'était pas encore arrivée à 17h45. Subitement, comme une apparition, sa fille se pointe, les bras en l'air, le sourire fatigué sur un visage ruisselant de sueur. Elle a défié son cancer avec succès. Tellement fière, sa mère lui a sauté dans les bras devant moi. Quel moment magique, si profondément humain.

J'entends encore ma fille me dire comment les dernières côtes à monter, à moins de 40 km de Québec, lui paraissaient insurmontables. «Il fallait que je me parle sans arrêt pour ne pas lâcher», m'a-t-elle dit. «Si près du but, après tant d'effort, je ne vais pas monter à pied, no way! Je t'aurai, maudite côte.» Elle fixe l'embrayage qu'il lui faut et monte, et monte et monte.

Puis, elle entend, de loin, la musique et les micros qui crient «la victoire» de chacun des cyclistes qui traversent la ligne d'arrivée. L'attroupement de centaines de personnes qui applaudissent leur courage et leur victoire au passage. Elle nous apparaît enfin avec son magnifique sourire! Je regarde ma conjointe un peu plus loin, qui dirige comme bénévole la circulation. Je devine son état d'âme. Comme moi, elle veut la féliciter et la serrer dans ses bras. Ma fille, Mélanie Thifault l'a fait ! Comme je suis fier d'elle!