En décembre dernier, nous avions qualifié de «tempête dans un biberon» la controverse provoquée par les allégations de favoritisme dans l'attribution des places dans les garderies privées. Depuis ce temps, le député péquiste de Gouin, Nicolas Girard, a fait état de plusieurs autres «coïncidences» troublantes, citant plusieurs cas où des permis de garde ont été obtenus par des donateurs ou des organisateurs du Parti libéral.

Toutes les allégations faites par M. Girard ne sont pas convaincantes. Ainsi, le cas de M. Ezio Carosielli et de sa conjointe, qui ont obtenu des permis pour 10 garderies. Selon les péquistes, M. Carosielli aurait été favorisé en raison des contributions que lui et des membres de sa famille ont faites à la caisse du PLQ. Or, M. Carosielli a ouvert plusieurs de ces garderies avant l'arrivée au pouvoir du gouvernement Charest. Lors du plus récent appel de projets, il a présenté 33 propositions; aucune n'a été retenue. On a déjà vu favoritisme plus flagrant.

 

Par ailleurs, on ne peut pas s'empêcher de remarquer que presque tous les administrateurs de garderies mentionnés par le PQ sont membres de minorités culturelles. La communauté italienne est particulièrement visée, comme si le ministre de la Famille, Tony Tomassi, donnait un traitement de préférence aux gens de sa communauté. Pourtant, toutes les places dont il est question dans ce débat ont été attribuées par son prédécesseur, Michelle Courchesne.

On constate aussi que M. Girard conteste seulement le processus d'attribution de permis aux garderies privées, depuis longtemps mal vues par son parti; l'opposition ne dit jamais un mot au sujet du choix des projets de CPE, pourtant évalués suivant les mêmes critères.

Cela dit, le nombre de cas en apparence douteux soulevés par le Parti québécois suscite un malaise. Peut-on attribuer au hasard le fait que six membres de l'exécutif de comté de M. Tomassi, de 2006 à 2008, étaient propriétaires de garderies privées détentrices de places à 7$? M. Tomassi a beau accuser les péquistes de mener une campagne de salissage, il est incapable de démontrer que la maison libérale est propre dans ce dossier.

Pourtant, il suffirait de publier les évaluations ayant mené au choix des différents projets. Le gouvernement refuse de le faire, alléguant que ces documents contiennent des informations confidentielles. À défaut de faire preuve de plus de transparence, le gouvernement ne pourra lever les doutes que les allégations de l'opposition font peser sur de nombreux projets de garderies. Avant qu'un nouvel appel de projets soit lancé pour des milliers de places additionnelles, il est essentiel que les Québécois sachent que le choix se fera sur la base de la qualité et non sur celle des allégeances partisanes.