Toujours excessifs, les marchés boursiers ont réagi hier de manière euphorique à la conclusion d'une entente entre les États européens sur un mécanisme visant à protéger la zone euro contre une contagion de la crise fiscale grecque. L'indice français CAC 40 a bondi de 9,7%, le Dow a connu sa meilleure journée de l'année avec un sursaut de 4,4%, le TSX a enregistré un gain plus modeste mais substantiel de 2,2%. À court terme, l'envergure du plan adopté par les ministres des Finances - 750 milliards d'euros (990 milliards de dollars canadiens) - justifie certainement que les investisseurs poussent un soupir de soulagement. À moyen terme toutefois, l'incertitude continue de régner sur la capacité de l'Europe à gérer l'union monétaire avec toute l'efficacité et la rigueur requises.

Toujours excessifs, les marchés boursiers ont réagi hier de manière euphorique à la conclusion d'une entente entre les États européens sur un mécanisme visant à protéger la zone euro contre une contagion de la crise fiscale grecque. L'indice français CAC 40 a bondi de 9,7%, le Dow a connu sa meilleure journée de l'année avec un sursaut de 4,4%, le TSX a enregistré un gain plus modeste mais substantiel de 2,2%. À court terme, l'envergure du plan adopté par les ministres des Finances - 750 milliards d'euros (990 milliards de dollars canadiens) - justifie certainement que les investisseurs poussent un soupir de soulagement. À moyen terme toutefois, l'incertitude continue de régner sur la capacité de l'Europe à gérer l'union monétaire avec toute l'efficacité et la rigueur requises.

Au-delà des grandes lignes et des sommes (imposantes) en cause, les modalités du mécanisme convenu en fin de semaine ne sont pas encore connues. La pièce de résistance est constituée d'une société spéciale dont les emprunts seront garantis par les États de la zone euro et qui pourra venir en aide aux gouvernements en difficulté jusqu'à concurrence de 440 milliards d'euros. Cette solution résulte d'un compromis entre ceux qui auraient voulu confier cette tâche de sauvetage aux institutions européennes existantes et ceux - l'Allemagne surtout - qui ne voulaient pas perdre leur droit de regard sur les centaines de milliards ainsi versés aux maillons faibles de l'union monétaire.

L'Europe est donc très loin du «gouvernement économique» dont rêve le président Sarkozy. Dans une bonne mesure, le pouvoir européen demeure constitué d'une «somme d'égoïsmes, d'aveuglement et de lâchetés», comme l'écrit le journal belge Le Soir. Néanmoins, une étape a été franchie: la zone euro dispose désormais d'un système de sauvetage de ceux de ses membres qui se retrouveraient acculés à la faillite. Ce système exigera des gouvernements bénéficiaires des conditions draconiennes de retour à la santé budgétaire, telles que celles déjà imposées à la Grèce; les pays européens viennent de laisser tomber un autre pan de leur souveraineté.

Comme c'est toujours le cas, c'est une crise qui a forcé les pays européens à bouger. Le cheminement est loin d'être élégant, mais avancée il y a tout de même.

Reste l'avenir. Le gouvernement grec sera-t-il capable de mener à bien les réformes économiques qui s'imposent? Celles-ci produiront-elles assez rapidement les fruits espérés? Qu'arrivera-t-il si la crise sociale s'aggrave? Et l'Espagne? Le Portugal?

Autre chose encore: la crise grecque a gonflé la méfiance de la population allemande à l'endroit de l'Europe. La chancelière Angela Merkel en a apparemment payé le prix politique lors d'importantes élections régionales dimanche. Visiblement, les Allemands ne toléreront pas longtemps que les pays fiscalement indisciplinés ne mettent pas de l'ordre dans leurs affaires. Cela présage de nouvelles tensions.

Les ministres des Finances ont doté la zone euro d'un mécanisme crédible permettant de faire face aux crises à court terme. Toutefois, les problèmes de fond - problèmes de déséquilibres économiques, problèmes de gouverne nationale et européenne - sont loin d'être réglés.