Plusieurs controverses ont éclaté au cours des derniers mois sur le rapport entre les contributions financières faites aux formations politiques - en particulier le Parti libéral du Québec - et les avantages obtenus du gouvernement. Qu'une entreprise obtienne un contrat, une subvention ou des places de garderie, l'opposition et les médias scruteront la liste des donateurs du parti au pouvoir. Si les patrons de la compagnie en question en sont, la conclusion sera vite tirée: le gouvernement a récompensé ses «petits amis».

Plusieurs controverses ont éclaté au cours des derniers mois sur le rapport entre les contributions financières faites aux formations politiques - en particulier le Parti libéral du Québec - et les avantages obtenus du gouvernement. Qu'une entreprise obtienne un contrat, une subvention ou des places de garderie, l'opposition et les médias scruteront la liste des donateurs du parti au pouvoir. Si les patrons de la compagnie en question en sont, la conclusion sera vite tirée: le gouvernement a récompensé ses «petits amis».

Les soupçons sont certainement justifiés lorsque la loi est contournée de façon à ce que l'entreprise en question verse indirectement des contributions importantes. Mais si un individu, conformément à la loi, verse 500$ ou 1000$ par année à un parti, doit-on tout de suite conclure que cela explique l'avantage obtenu? Le don moyen fait au PLQ est d'un peu plus de 400$, celui au PQ est de quelque 170$. Nos élus sont-ils achetables à si vil prix? Lorsque le gouvernement Lévesque a réformé le système de financement des partis, il paraissait invraisemblable qu'un don individuel de seulement 3000$ puisse influencer les décisions du conseil des ministres. Pourquoi en est-il autrement aujourd'hui, alors que ce plafond vaut bien moins qu'il y a trois décennies? L'impression se dégageant des affaires récentes, c'est que toute contribution à une formation politique est louche, à moins que le donateur n'ait aucune relation avec l'État. A-t-on raison de voir les choses ainsi?  Ou bien est-on en train de céder à ce que Mario Dumont appelait, dans La Presse samedi dernier, à «un délire de l'éthique»?

Comment mettre fin à ce climat de suspicion ? Certains estiment qu'il faudrait tout simplement mettre un terme au «financement populaire»; les formations politiques recevraient la totalité de leur financement de l'État. Une solution aussi radicale comporterait d'importants désavantages. Elle coûterait cher au gouvernement: quelque chose comme 12 millions par année. Surtout, elle compliquerait l'émergence de nouveaux partis, la population ne pouvant encourager concrètement un courant politique naissant. M. Dumont a évoqué la campagne de financement historique de Barack Obama: «L'espoir et l'enthousiasme ne sont pas incompatibles avec le financement politique.»

Le Parti québécois et Québec solidaire proposent de ramener à 500$ la contribution maximale permise. Qu'est-ce que ça changerait? Le temps viendrait où même un don aussi modeste serait considéré suspect.

Comment devrait-on réformer le financement populaire? Cette question n'a pas vraiment fait l'objet d'une étude approfondie ou d'un débat public large. De tels exercices seraient pourtant beaucoup plus utiles que l'enquête sur le financement du Parti libéral que réclament les partis de l'opposition. Des partis qui, jusqu'à récemment, s'accommodaient très bien du système en place.