Israël n'a déjà pas beaucoup d'amis, pourquoi fait-il en sorte d'embarrasser ceux qui lui restent? L'assaut lancé hier contre la «flottille de la liberté» a soulevé un ouragan de protestations, notamment en Turquie, le seul allié de l'État juif dans le monde musulman. Cet incident pourrait avoir «des conséquences irréparables» sur les relations entre les deux pays, a-t-on fait savoir à Ankara.

Israël n'a déjà pas beaucoup d'amis, pourquoi fait-il en sorte d'embarrasser ceux qui lui restent? L'assaut lancé hier contre la «flottille de la liberté» a soulevé un ouragan de protestations, notamment en Turquie, le seul allié de l'État juif dans le monde musulman. Cet incident pourrait avoir «des conséquences irréparables» sur les relations entre les deux pays, a-t-on fait savoir à Ankara.

Dimanche soir, le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, qualifiait son homologue canadien d'«ami inébranlable» d'Israël. Cependant, devant l'énormité de ce qui vient de se passer, même M. Harper n'a pu cautionner l'attaque de l'armée israélienne. M. Nétanyahou a quitté Ottawa précipitamment, annulant la rencontre qu'il devait avoir aujourd'hui avec le président des États-Unis. S'il s'était rendu à la Maison-Blanche, il aurait sans doute eu droit à de nouvelles remontrances de Barack Obama, qui lui avait fait passer un mauvais quart d'heure lors de sa dernière visite. Résultat de tout cela pour Israël: une image encore plus endommagée, des pays amis perplexes, un allié de moins dans la région.

Il ne fait pas de doute que l'opération mise sur pied par des militants propalestiniens visait autant, sinon plus, à provoquer Israël qu'à venir en aide aux Palestiniens. Pas de doute non plus que certains de ces militants n'étaient pas tous partisans de la résistance non violente; même les images fournies par les organisateurs de l'opération montrent des passagers battre les soldats à coups de barre de fer.

Devant ce comportement, il est légitime de se demander si tous les biens transportés par les navires étaient bel et bien de nature humanitaire. Israël était donc en droit d'intercepter la flottille. Cependant, on se serait attendu à ce que les autorités israéliennes conçoivent une stratégie visant à limiter les dégâts humains et politiques. Au contraire, le raid semble avoir été singulièrement mal planifié.

Depuis plusieurs jours, Tel-Aviv soutenait que ce convoi n'avait rien d'humanitaire, que les organisateurs avaient des liens avec les terroristes d'Al-Qaeda et du Hamas. Cela étant, pouvait-on croire, le commando chargé d'aborder les navires s'attendrait à une forte résistance. Or, affirment aujourd'hui les autorités israéliennes, «nous avions préparé nos soldats à faire face à des militants pacifistes, pas à se battre». Flagrante, cette contradiction transpire la mauvaise foi.

Flottille de la provocation plutôt que de la liberté? Bien sûr. Et, encore une fois, Israël est bêtement tombé dans le piège. Après ce nouvel échec, le gouvernement israélien doit se résoudre à changer de stratégie. Notamment, comme le suggérait le quotidien Haaretz avant même le raid d'hier, l'État juif doit oeuvrer à diminuer son isolement. Première étape essentielle: écouter ses amis.