Aux élections de dimanche en Belgique, les indépendantistes flamands ont remporté une pluralité des sièges en Flandre. La Nouvelle alliance flamande (N-VA) est ainsi devenue un parti incontournable pour la formation de la prochaine coalition gouvernementale, une situation sans précédent qui a provoqué une inquiétude certaine chez les francophones du pays. Ces résultats électoraux serviront-ils de prélude à la scission de la Belgique?

Aux élections de dimanche en Belgique, les indépendantistes flamands ont remporté une pluralité des sièges en Flandre. La Nouvelle alliance flamande (N-VA) est ainsi devenue un parti incontournable pour la formation de la prochaine coalition gouvernementale, une situation sans précédent qui a provoqué une inquiétude certaine chez les francophones du pays. Ces résultats électoraux serviront-ils de prélude à la scission de la Belgique?

La plupart des commentateurs croient que non. Néanmoins, la montée des séparatistes flamands annonce encore de longs mois, sinon des années d'enlisement politique pour le plat pays.

On s'attend à ce que le roi Albert II demande au chef du Parti socialiste (francophone), Elio Di Rupo, de former le gouvernement. M. Di Rupo devra donc tenter de s'entendre avec la N-VA. Même si, depuis dimanche soir, les deux partis ont adopté un ton conciliant, on ne peut pas oublier que l'un est de gauche et fédéraliste tandis que l'autre est de droite et indépendantiste.

Sous son président Bart De Wever, la Nouvelle alliance flamande a certes modéré son discours. De Wever ne s'afficherait plus aujourd'hui aux côtés de Jean-Marie Le Pen, comme il le fit il y a 15 ans. De plus, la séparation est désormais évoquée comme un objectif à long terme. Dans un premier temps, la N-VA voudrait transformer la Belgique en confédération: «Le fédéralisme ne marche plus, dit son chef. On doit aller vers deux entités autonomes qui signent entre elles un traité disant ce qu'elles font encore ensemble.» Par contre, pour le socialiste Di Rupo, «une confédération, c'est la fin d'un État unitaire, c'est la fin de la Belgique».

Cette mésentente profonde entre deux communautés linguistiques qui partagent un territoire depuis des siècles, et qui sont rassemblées au sein de la nation belge depuis 180 ans, suscite chez beaucoup une grande tristesse. D'autant que ces querelles se produisent dans le pays qui abrite la capitale européenne, Bruxelles, symbole de l'union des peuples au-delà des cultures, au-delà des conflits passés.

Vu du dehors, aucun des problèmes divisant les deux communautés belges ne semble grave ou insoluble. Les sondages montrent que la population elle-même, flamands comme wallons, tient à la Belgique. Toutefois, comme il n'existe pas de partis nationaux - les membres d'une communauté linguistique peuvent seulement voter pour les partis représentant cette communauté - les politiciens ont avantage à mousser les conflits plutôt qu'à vanter les vertus du compromis.

La Belgique n'est peut-être pas au bord de la scission, mais la tendance des dernières années est très inquiétante. Si les Belges francophones et néerlandophones ne parviennent pas à surmonter leurs différends somme toute mineurs, le rêve européen et l'idée fédérale subiront un cuisant échec.