Par leur partisanerie crasse et leur comportement indigne, les politiciens québécois ont achevé de détruire leur propre crédibilité. Plutôt que de chercher des solutions à ce grave problème, voici qu'ils entreprennent de miner la réputation d'une des seules institutions auxquelles les citoyens font encore confiance, le système judiciaire et en particulier, les juges.

Par leur partisanerie crasse et leur comportement indigne, les politiciens québécois ont achevé de détruire leur propre crédibilité. Plutôt que de chercher des solutions à ce grave problème, voici qu'ils entreprennent de miner la réputation d'une des seules institutions auxquelles les citoyens font encore confiance, le système judiciaire et en particulier, les juges.

En attaquant sans raison valable l'objectivité d'un des juristes les plus réputés du Canada, ex-juge de la Cour suprême, Marc Bellemare et les partis de l'opposition soulèvent des doutes sur la probité de toute la magistrature. Si la société en vient à croire que les juges se laissent influencer par les manigances politiques, son respect pour la justice s'en trouvera diminué. Les conséquences ne peuvent qu'être néfastes.

Usant d'un vocabulaire digne d'un animateur de radio-poubelle, scandaleux dans la bouche d'un avocat, M. Bellemare accuse le juge Bastarache (et par ricochet ses procureurs) de faire les basses oeuvres de Jean Charest. Il refuse de témoigner devant lui. C'est du jamais vu. Dans l'enquête du juge John Gomery sur le programme fédéral des commandites, plus de 170 personnes ont donné leur version des faits, dont le premier ministre du Canada, Paul Martin, son prédécesseur, Jean Chrétien, plusieurs ministres, des hauts fonctionnaires, des gens d'affaires, etc. Certaines de ces personnes auraient préféré ne pas être soumises à ce pénible exercice ; elles y sont quand même allées. Marc Bellemare serait au-dessus de tout cela?

Le Parti québécois estime que la commission Bastarache est «totalement déséquilibrée » parce que le juge a refusé de reconnaître l'opposition officielle comme participant à l'enquête. Pourtant, le raisonnement suivi par le juge est identique à celui d'autres commissaires dans des circonstances semblables. Les péquistes, qui ont fait valoir devant M. Bastarache le rôle fondamental de l'opposition dans une démocratie parlementaire, devraient être conséquents et faire preuve de déférence à l'égard d'une institution - la commission d'enquête - qui joue elle aussi un rôle essentiel.

Le Parti québécois s'offusque du fait que le commissaire a décidé de comparer le processus de nomination des juges sous le gouvernement Charest à celui en vigueur entre 2000 et 2003. Où est le problème ? Depuis des semaines, les péquistes ne cessent d'appeler à la comparaison!

On dira que Jean Charest n'aurait pas dû déclencher une enquête de cette envergure en réaction aux seuls propos de M. Bellemare. Bien sûr. Cependant, une fois l'enquête lancée et confiée à un juriste éminent, on lui doit respect comme à tout tribunal. Malheureusement, à Québec, la folie partisane l'emporte désormais sur tout, à commencer par l'intérêt public.