Le mot historique est galvaudé. Toutefois, dans le cas de l'entente intervenue jeudi entre le gouvernement Charest et le front commun des syndicats du secteur public, le qualificatif n'est pas excessif. Cet accord est à plusieurs égards sans précédent:

> jamais une entente n'a été conclue en de si brefs délais, à peine trois mois après l'échéance des contrats de travail;

> ces contrats ont une durée exceptionnelle de cinq ans ;

> les parties sont arrivées à s'entendre sans que les syndicats aient à mettre en branle des moyens de pression lourds ;

> les augmentations de salaire des employés du secteur public sont en partie liées à la croissance économique.

Combinée aux accords déjà conclus sur les clauses non pécuniaires, l'entente rehaussera les conditions de travail des travailleurs de l'État et améliorera les services offerts aux citoyens.

Pour tout cela, il faut féliciter le gouvernement, en particulier la présidente du Conseil du trésor, Monique Gagnon-Tremblay, et les dirigeants du front commun. De part et d'autre, on était décidé à ne pas laisser traîner les négociations, à éviter la confrontation, à rechercher des gains concrets pour les employés tout en améliorant l'efficacité des organisations. Le tout devait évidemment tenir compte de la fragilité des finances publiques. C'est mission accomplie.

En santé, des primes substantielles encourageront les membres du personnel à choisir les quarts de travail les moins prisés. En outre, des comités de travail seront mis sur pied pour trouver des solutions à la pénurie de main-d'oeuvre. En éducation, le nombre d'élèves par classe sera réduit.

L'entente salariale prévoit des augmentations modestes - 6% sur cinq ans + 1% pour l'inflation. Toutefois, si la croissance économique est plus forte qu'attendu, les syndiqués obtiendront jusqu'à 3,5% de plus. Le gouvernement Charest assure que le coût de toutes ces mesures, 2,7 milliards, était déjà prévu dans le plan de retour à l'équilibre budgétaire déposé en mars dernier. En somme, il s'agit d'une entente gagnant-gagnant. Il reste à espérer que cette négociation menée rapidement et de bonne foi servira de modèle dans l'avenir.

Un seul syndicat n'a pas encore conclu d'entente sur les conditions de travail de ses membres, la Fédération interprofessionnelle de la santé, qui représente 57 000 infirmières et autres professionnels. Ressentant une frustration compréhensible, la FIQ se méfie des comités de travail et exige qu'une solution aux problèmes d'aménagement du temps de travail soit convenue dès la présente négociation.

Un nouvel affrontement avec les infirmières serait catastrophique, pour elles comme pour le gouvernement et les malades. Souhaitons donc que de part et d'autre, on saura faire preuve de l'ouverture, de la modération et de l'imagination qui ont permis d'en arriver à un accord satisfaisant pour 90% des employés de l'État.