Participant aux fêtes du premier juillet, la reine Élisabeth II a déclaré que le Canada était «un exemple pour le monde». À certains égards, c'est vrai. Mais le Canada a lamentablement failli à ses obligations envers ses citoyens par le traitement honteux qu'on a fait subir aux manifestants arrêtés en marge du sommet du G20, à Toronto.

Participant aux fêtes du premier juillet, la reine Élisabeth II a déclaré que le Canada était «un exemple pour le monde». À certains égards, c'est vrai. Mais le Canada a lamentablement failli à ses obligations envers ses citoyens par le traitement honteux qu'on a fait subir aux manifestants arrêtés en marge du sommet du G20, à Toronto.

Pour une raison difficile à comprendre compte tenu des mois de préparation et des centaines de millions investis, la police a perdu le contrôle des manifestations et de ses propres opérations. Plus de 900 manifestants ont été arrêtés, un nombre disproportionné. Plusieurs d'entre eux auraient été appréhendés sans raisons autres que de vagues soupçons. Les personnes arrêtées ont ensuite été entassées pendant des heures dans des cellules inadéquates, privées de toute intimité et fouillées à nu. On affirme que des policiers ont tenu des propos injurieux.

Certes, il ne faut pas perdre de vue l'origine de ces incidents: des dizaines de manifestants ont détruit tout ce qui leur tombait sous la main au centre-ville. Si les protestataires pacifiques souhaitent que les policiers fassent la distinction entre eux et les voyous, il faudrait qu'ils commencent par prendre eux-mêmes leurs distances. Or, les organisateurs de telles manifestations évitent toujours soigneusement de le faire. Dans un communiqué publié jeudi dénonçant la violence policière, la Convergence des luttes anticapitalistes se réjouit du fait qu'«une frange du mouvement radical a réussi à ébranler le train-train quotidien du commerce et de la consommation».

Le dérapage des policiers de Toronto n'en est pas moins inadmissible. D'autant plus que c'est au moins la troisième fois que cela se produit au Canada. De nombreux abus ont aussi été déplorés à Vancouver, lors du sommet de l'Asia-Pacific Economic Cooperation (APEC) en 1997, et à Québec en 2001, à l'occasion du Sommet des Amériques. Compte tenu de ces expériences, il est inconcevable que les responsables de la sécurité pour le G20 aient été pris de cours par la nécessité de détenir des centaines de personnes.

Plusieurs groupes, dont Amnistie Internationale, exigent une enquête publique indépendante. Ils ont raison. À la suite du sommet de l'APEC, une enquête menée par le juge Ted Hugues a permis de tracer un portrait nuancé des événements. Ainsi, le juge a conclu que contrairement à ce qu'avait prétendu une manifestante, aucune femme n'a été fouillée à nu devant des hommes. Par contre, il a estimé que les fouilles corporelles faites à cette occasion n'étaient «ni raisonnables ni nécessaires». À notre avis, elles ne l'étaient pas davantage à Toronto.

Les citoyens de ce pays se montrent très fiers de la Charte canadienne des droits et libertés. S'ils tiennent vraiment aux droits fondamentaux protégés par la Charte, ils ne doivent pas tolérer qu'on les viole impunément, quelles que soient les circonstances.