Les autorités canadiennes ont entrepris hier la lourde tâche de trier les 490 Tamouls arrivés illégalement au pays à bord du cargo MV Sun Sea. Le travail devra être fait avec minutie, car il pourrait se trouver, parmi ces misérables, des passeurs et des membres des Tigres de libération de l'Eelam tamoul, une organisation terroriste.

Les autorités canadiennes ont entrepris hier la lourde tâche de trier les 490 Tamouls arrivés illégalement au pays à bord du cargo MV Sun Sea. Le travail devra être fait avec minutie, car il pourrait se trouver, parmi ces misérables, des passeurs et des membres des Tigres de libération de l'Eelam tamoul, une organisation terroriste.

À Ottawa, on craint que si l'entrée des passagers du MV Sun Ocean paraît facile, les contrebandiers enverront d'autres navires vers le Canada. C'est pour dissiper toute impression de ce genre que le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, a affirmé hier matin: «Le passage de clandestins, la migration illégale et toute forme d'abus du système d'immigration et de protection des réfugiés du Canada ne peuvent pas et ne seront pas tolérés.» Et d'ajouter: «Les responsables canadiens examinent toutes les options disponibles pour renforcer les lois dans le but de mettre fin à cet abus.»

Toutefois, quelques heures plus tard, M. Toews semblait écarter l'avenue des modifications législatives. C'est qu'il n'y a pas beaucoup de solutions de rechange à la politique actuelle. Plusieurs citoyens suggèrent de «renvoyer le navire d'où il est venu». Ce serait illégal et inhumain. Illégal, car le droit international l'interdit. Inhumain parce que ces personnes, dont des enfants, sont entassées dans ce cargo depuis trois mois. Tout indique qu'elles ont été mal nourries et que plusieurs d'entre elles sont malades. Ne serait-ce que pour leur fournir les soins minimaux dont ces gens ont besoin, le Canada devait les accueillir.

Certains proposent d'adopter l'approche australienne. Le MV Sun Sea ne se dirigeait-il pas vers l'Australie jusqu'à ce que le capitaine réalise qu'il n'y serait pas bienvenu? Depuis plusieurs années, Canberra détourne les navires transportant des immigrants clandestins vers l'île Christmas, à 1600 kilomètres du continent. On y a érigé, en pleine jungle, un centre où sont détenus les revendicateurs du statut de réfugié pendant les longs mois que prend l'étude de leur dossier. Les revendicateurs y sont traités comme des prisonniers ; le lieu a d'ailleurs été qualifié de Guantanamo australien. Une telle façon de faire ne correspond pas aux valeurs canadiennes.

Dans le cas présent, le gouvernement a donc réagi comme il le fallait. Il doit maintenant tout mettre en oeuvre pour identifier les éléments indésirables, s'il s'en trouvait à bord, et les traduire devant les tribunaux.

À long terme, traiter les demandes de statut de réfugié avec rigueur, justice et célérité constitue de loin le meilleur moyen de décourager les abus. Il faut espérer que la nouvelle loi sur la protection des réfugiés, adoptée en juin, permettra enfin au pays de disposer d'un système efficace.