Bien des Québécois ont poussé un soupir de soulagement en apprenant que le ministre des Finances avait abandonné l'idée d'imposer un ticket modérateur pour l'accès aux soins de santé. Cette bonne nouvelle en cache toutefois une très mauvaise: l'impasse du financement de la Santé demeure entière. Les coûts du système augmentent chaque année de près de 6%, alors que les revenus du gouvernement du Québec n'augmentent que de 4%. Que faire?

Bien des Québécois ont poussé un soupir de soulagement en apprenant que le ministre des Finances avait abandonné l'idée d'imposer un ticket modérateur pour l'accès aux soins de santé. Cette bonne nouvelle en cache toutefois une très mauvaise: l'impasse du financement de la Santé demeure entière. Les coûts du système augmentent chaque année de près de 6%, alors que les revenus du gouvernement du Québec n'augmentent que de 4%. Que faire?

Raymond Bachand parle d'exiger d'Ottawa une hausse de ses transferts. C'est la solution facile: on signale le 1-613... Déjà, depuis l'accord décennal conclu en 2004, Ottawa a augmenté ses transferts destinés à la Santé de 6% par année. Pendant cette période, le gouvernement québécois a accru le budget du ministère de la Santé et des Services sociaux de plus de 7 milliards. Sept milliards! Les soins sont-ils de meilleure qualité? L'attente est-elle moins longue? Les urgences moins bondées?

Dans un contexte de déficits publics et d'incertitude économique, le renouvellement de l'entente de 2004 ne mènera sûrement pas à un arrangement aussi généreux pour les provinces. Celles-ci s'en plaindront, une vieille habitude. Pourtant, lorsqu'on se retrouve depuis longtemps dans une situation financière difficile, l'attitude responsable n'est pas de supplier le banquier, mais de régler le problème à la source.

Dans le cas du budget de la Santé, le gouvernement du Québec fait face à un choix difficile, mais inéluctable: ou bien il ramène la croissance des dépenses de la Santé au rythme de celle de ses revenus, ou bien il augmente ses revenus au niveau nécessaire pour satisfaire l'augmentation dite structurelle des coûts du système de santé.

Le ticket modérateur envisagé dans le dernier budget suivait cette dernière voie. M. Bachand l'a écarté. «C'est une bonne idée, mais la culture du Québec n'est pas prête pour ça», a-t-il expliqué en citant le Dr Gaétan Barrette. Soit. Il ne faudrait pas, toutefois, que le gouvernement recule toujours devant cette «culture» voulant que l'État fournisse toujours plus de services sans que les contribuables en paient le prix. Le ticket modérateur étant mort et enterré, on devra trouver autre chose.

Le ministre a évoqué une augmentation de l'«efficacité» du système. En effet, le gouvernement doit prendre le taureau par les cornes dans ce domaine. Cependant, ce n'est pas là qu'on dénichera les milliards nécessaires. S'ils rejettent toute réduction de services et refusent tout nouvel apport du privé, les contribuables devront se résoudre à payer davantage. Cet effort supplémentaire pourrait passer par une hausse annuelle significative de la nouvelle contribution santé, hausse qui serait plus importante pour les personnes à revenu élevé. Ayant ainsi pris ses responsabilités, le gouvernement du Québec serait beaucoup plus crédible dans ses discussions avec Ottawa.