Le Canada s'est plutôt bien tiré de la récession de 2008-2009. C'est surtout le cas du Québec qui se retrouve aujourd'hui avec un taux de chômage plus faible que ceux prévalant en Ontario et aux États-Unis, du jamais vu. Les oiseaux de malheur qui prédisaient à la province un avenir sombre se seraient-ils mis le doigt dans l'oeil? Non.

Le Canada s'est plutôt bien tiré de la récession de 2008-2009. C'est surtout le cas du Québec qui se retrouve aujourd'hui avec un taux de chômage plus faible que ceux prévalant en Ontario et aux États-Unis, du jamais vu. Les oiseaux de malheur qui prédisaient à la province un avenir sombre se seraient-ils mis le doigt dans l'oeil? Non.

La performance récente de l'économie québécoise fait illusion. Elle cache des faiblesses structurelles qui appauvriront le Québec au cours des prochaines décennies, à moins que nous nous y attaquions. La productivité anémique de l'économie québécoise relativement à celle de ses concurrentes (Ontario, États-Unis) est la principale de ces faiblesses.

Au cours d'un colloque tenu jeudi par le Centre sur la productivité et la prospérité de HEC Montréal, l'ampleur et les causes de ce problème de productivité ont été analysées par des universitaires et des gens d'affaires. Il y a été établi que la productivité moindre explique une bonne partie de l'écart de richesse qui subsiste entre les Québécois et les habitants de la plupart des pays membres de l'OCDE.

Selon les analyses faites au Centre, si les Québécois veulent maintenir leur niveau de vie au cours des prochaines années en dépit du vieillissement de la population, leur productivité devra croître 50% plus vite que ce n'est le cas depuis 30 ans. Un effort colossal... juste pour maintenir le statu quo. Car, souligne le rapport publié à l'occasion du colloque, «cette hausse de la productivité ne permettrait pas de relever le niveau de vie relatif du Québec par rapport à l'Ontario ou le Canada, conséquence directe des changements démographiques à venir».

Comment améliorer la productivité? Les participants ont tous eu la même réponse: investir en éducation, de la maternelle à l'université. Seuls des travailleurs bien formés, des patrons ferrés en gestion et des universités à la fine pointe permettront à l'économie québécoise de rester compétitive. Ce même consensus s'était dégagé du sommet économique tenu à Lévis au début de l'année. Malheureusement, le gouvernement Charest n'a pas su prendre la balle au bond.

Le Québec doit faire de l'éducation une priorité. Il faut toutefois admettre que ce sera financièrement coûteux et politiquement peu rentable. D'importants investissements publics devront être consentis dans les écoles primaires et secondaires et dans les cégeps tandis que les droits de scolarité des universités devront être sensiblement augmentés. La première mesure est pour l'instant impossible à mettre en place en raison de la croissance exponentielle des coûts du système de santé; la seconde soulèverait une levée de boucliers que seul un gouvernement en début de mandat oserait affronter.

Le diagnostic est clair et largement partagé; les moyens sont identifiés. Il ne manque que la volonté.