Les partis avaient promis de tenir des débats plus civilisés à l'Assemblée nationale. Une autre promesse non tenue ! Hier, la discussion sur la langue a donné lieu à une guerre d'accusations excessives, sans rapport avec la réalité des choses.

Les partis avaient promis de tenir des débats plus civilisés à l'Assemblée nationale. Une autre promesse non tenue ! Hier, la discussion sur la langue a donné lieu à une guerre d'accusations excessives, sans rapport avec la réalité des choses.

Rappelons de quoi il s'agit. L'an dernier, la Cour suprême a invalidé la partie de la Charte de la langue française qui empêchait les parents francophones et allophones d'obtenir pour leurs enfants le droit de fréquenter l'école anglaise en les envoyant un an dans une école non subventionnée. À la suite de ce jugement, le gouvernement libéral a présenté le projet de loi 103 qui vise à satisfaire les exigences du plus haut tribunal du pays tout en limitant le plus possible l'ouverture faite à l'éducation en anglais. Le délai accordé par la Cour pour la mise en place des correctifs requis prenant fin cette semaine, les libéraux ont coupé court au débat sur ce projet de loi par une «procédure législative d'exception», communément appelée «bâillon». Les partis de l'opposition ont crié au meurtre. Le député péquiste Pierre Curzi a parlé d'«un acte qui va à l'encontre de toute pratique démocratique», allant jusqu'à comparer le «bâillon» à la Loi des mesures de guerre. Or, cette procédure est prévue par le règlement de l'Assemblée nationale, règlement dont la plus récente version a été adoptée à l'unanimité en avril 2009. Si le bâillon était aussi inique que ne le prétendent aujourd'hui le PQ et l'ADQ, pourquoi ont-ils voté en faveur d'un texte qui en prévoit explicitement l'utilisation?

Pour ce qui est du fond de l'affaire, l'opposition a multiplié les hyperboles. Selon la chef du PQ, Pauline Marois, le projet de loi va «angliciser le Québec». Quant à M. Curzi, il a parlé d'«une journée de deuil» et déclaré que la ministre responsable du dossier linguistique, Christine St-Pierre, «par son aplaventrisme, a désormais perdu toute légitimité pour défendre notre langue». Ouf!

La nouvelle loi donne une grande marge de manoeuvre aux fonctionnaires chargés de décider de l'admissibilité à l'école anglaise des enfants ayant fréquenté une école non subventionnée. Le parent qui espère « contourner la loi 101 » par ce subterfuge devra envoyer son enfant dans un établissement non subventionné pendant trois ans sans avoir la certitude que, au bout du compte, sa requête sera acceptée. La complexité du processus devrait réduire au strict minimum le nombre d'enfants concernés. La place dominante des francophones au Québec n'est pas en péril.

Le Parti québécois n'a pas eu le monopole de l'exagération hier. Le premier ministre, Jean Charest, a associé le PQ à «des groupes qui prônent la violence au Québec», faisant allusion à la campagne d'affichage lancée par un ex-felquiste contre des députés libéraux. Cette attaque est non seulement sans fondement ; elle est indigne du premier ministre d'un grand peuple.