L'ancien ministre conservateur Maxime Bernier s'est fait remarquer la semaine dernière en proposant une audacieuse réforme de la fédération. Bien que la crédibilité du député de Beauce ait été presque mortellement atteinte par son passage rocambolesque au ministère des Affaires étrangères, l'homme n'est pas aussi bête que certains l'ont dit.

L'ancien ministre conservateur Maxime Bernier s'est fait remarquer la semaine dernière en proposant une audacieuse réforme de la fédération. Bien que la crédibilité du député de Beauce ait été presque mortellement atteinte par son passage rocambolesque au ministère des Affaires étrangères, l'homme n'est pas aussi bête que certains l'ont dit.

Devant l'Albany Club de Toronto, M. Bernier a suggéré que le gouvernement fédéral abandonne son pouvoir de dépenser dans les domaines de compétence provinciale, telles la santé et l'éducation. Ottawa céderait aux provinces l'espace fiscal équivalent aux transferts qu'il leur verse présentement en rapport avec ces champs d'activité et cesserait de s'en mêler, point à la ligne. Selon Maxime Bernier, le système actuel «engendre des disputes permanentes» et «crée nécessairement une certaine confusion et une absence d'imputabilité».

En tenant de tels propos, l'ancien ministre est fidèle à la philosophie des conservateurs de Stephen Harper. L'encadrement du pouvoir de dépenser faisait partie des engagements de M. Harper pendant la campagne électorale de 2006. Son gouvernement n'a jamais concrétisé cette promesse, sans doute parce qu'il a craint de fournir aux partis de l'opposition une cible facile. En effet, un grand nombre de Canadiens tiennent à ce que leur gouvernement national joue un rôle dans les secteurs de la santé, de l'éducation et des services sociaux.

Si M. Bernier était le seul à faire des propositions de ce genre, on pourrait les ignorer. Or, ce n'est pas le cas. Il existe au Canada anglais un courant de pensée de plus en plus influent allant dans le sens d'un grand ménage de la fédération. Le Mowat Center for Policy Innovation, un nouveau centre de recherche ontarien, vient de publier un rapport très intéressant à ce sujet. Le document suggère un nouveau partage des compétences basé non pas sur la théorie constitutionnelle, mais sur l'efficacité des services offerts et sur l'imputabilité des décideurs. «Les gouvernements fédéral et provinciaux devraient mettre de l'ordre dans leurs affaires avant de s'aventurer dans les compétences constitutionnelles de l'autre palier de gouvernement», écrivent les auteurs.

Ainsi, la formation de la main-d'oeuvre, l'intégration des immigrants, l'aide aux étudiants et le logement social devraient être clairement laissés aux provinces. Par contre, il pourrait être avantageux pour la population que l'assurance-médicaments soit fédérale. Nul besoin d'amendements constitutionnels pour ce faire.

Au lieu de rester sur la touche comme ils le font depuis plusieurs années déjà, les Québécois auraient tout avantage à contribuer à cette définition du Canada de l'avenir. Maxime Bernier a au moins le mérite de participer à la discussion, contrairement à bien d'autres élus fédéraux et provinciaux qui regardent le train passer... ou qui ne savent même pas qu'il passe.