Comme celles qui l'ont précédées, l'administration Tremblay a fait de la rétention des jeunes familles à Montréal une priorité. Toutefois, il est loin d'être certain que le Plan d'action famille aura plus de succès que les programmes précédants. Les mesures elles-mêmes, par exemple l'aide financière pour l'accès à la propriété, ne sont pas en cause. L'exode des familles vers la banlieue est tout simplement une tendance lourde, à l'oeuvre dans toutes les grandes villes nord-américaines.

Comme celles qui l'ont précédées, l'administration Tremblay a fait de la rétention des jeunes familles à Montréal une priorité. Toutefois, il est loin d'être certain que le Plan d'action famille aura plus de succès que les programmes précédants. Les mesures elles-mêmes, par exemple l'aide financière pour l'accès à la propriété, ne sont pas en cause. L'exode des familles vers la banlieue est tout simplement une tendance lourde, à l'oeuvre dans toutes les grandes villes nord-américaines.

Une étude récente de Statistique Canada montre que cette émigration s'est poursuivie entre les recensements de 2001 et de 2006, à Montréal comme à Toronto et à Vancouver. Dans chacune des régions métropolitaines, 14% des personnes âgées de 25 à 44 ans ont quitté la ville centrale en faveur de la banlieue. La proportion est deux fois plus élevée parmi ceux qui ont eu un enfant ou plus pendant cette période. À l'inverse, peu de gens dans cette catégorie d'âge ont effectué un retour vers la ville.

Les facteurs à l'origine de ce phénomène sont bien connus. En particulier, les parents de jeunes enfants cherchent une maison et un terrain plus grands. En ville, non seulement de telles habitations sont-elles plus rares, elles sont beaucoup plus chères.

Autre coup dur pour les villes centrales : la propension à s'exiler en banlieue augmente avec le revenu. À Montréal, Toronto et Vancouver, les personnes jouissant de revenus après impôt de 70 000$ à 10 000$ sont les plus nombreuses à déménager dans une ville avoisinante. Seuls les individus très à l'aise (revenu après impôt de 150 000$ et plus) ont tendance à rester en ville, où ils ont les moyens d'acquérir une grande propriété.

Montréal vit par ailleurs une situation particulière : ce sont surtout les francophones qui quittent la ville-centre. Ainsi, de 2001 à 2006, 64 000 personnes de 25 à 44 ans ont déménagé hors de Montréal. De ce nombre, 42 000 étaient francophones. De plus, tandis que les anglophones ont pour la plupart déménagé dans une banlieue située sur l'île de Montréal, les francophones ont transporté leurs pénates de l'autre côté du fleuve.

Certains craignent l'anglicisation de Montréal ; il vaudrait mieux parler de l'exode des francophones. Si ceux-ci sont désormais minoritaires sur l'île, ce n'est pas à cause de l'anglicisation des immigrants ou des écoles passerelles. C'est parce que dès qu'ils ont des enfants, les parlants français fuient l'île pour Repentigny, Terrebonne ou Varennes. On aurait beau étendre la portée de la loi 101 de la garderie au tombeau qu'on ne renverserait pas ce phénomène-là. Il vaudrait mieux s'attaquer à l'étalement urbain. Malheureusement, il n'y a pas de solutions simples à cette tendance parce que celle-ci, comme on l'a vu, repose à la fois sur des goûts profondément ancrés et sur l'inadéquation entre les prix des habitations dans les villes centrales et les moyens financiers des gens.