Réunis en conseil général, en fin de semaine, les militants du Parti libéral du Québec ont rendu hommage à leur ancien chef Robert Bourassa. Ce faisant, ils auraient dû se souvenir du fait que M. Bourassa a perdu le pouvoir en 1976 à la suite de divers scandales soulevant des doutes sur l'intégrité de son gouvernement. Cela les aurait peut-être incités à discuter à fond de l'opportunité de tenir une enquête publique sur la corruption dans le secteur de la construction.

Réunis en conseil général, en fin de semaine, les militants du Parti libéral du Québec ont rendu hommage à leur ancien chef Robert Bourassa. Ce faisant, ils auraient dû se souvenir du fait que M. Bourassa a perdu le pouvoir en 1976 à la suite de divers scandales soulevant des doutes sur l'intégrité de son gouvernement. Cela les aurait peut-être incités à discuter à fond de l'opportunité de tenir une enquête publique sur la corruption dans le secteur de la construction.

Les libéraux ont plutôt choisi de glisser le sujet de l'heure sous le tapis. Lorsqu'un militant a proposé qu'un débat soit tenu sur la question, sa proposition a été accueillie par un silence glacial. Pas une des 600 personnes présentes n'a osé seconder son initiative, de sorte qu'on est tout de suite passé à autre chose.

Vendredi soir, dans son discours d'ouverture, Jean Charest n'a pas dit un mot à ce sujet. Hier, en clôture, il s'est contenté de rappeler les mesures prises par son gouvernement, dont le lancement de l'opération Marteau. Le premier ministre a surtout déploré les propos tenus la veille par le chef de l'ADQ, Gérard Deltell, qui l'avait qualifié de «parrain du Parti libéral». M. Charest a raison de se scandaliser de la déclaration de M. Deltell. Celui-ci a malheureusement choisi de marcher dans les traces de son prédécesseur, c'est-à-dire de se faire remarquer par des déclarations-chocs plutôt que par la qualité de ses contributions au débat public.

Le chef libéral a également raison de rappeler que dans plusieurs domaines, son gouvernement a fait un bon travail. Qu'on pense aux plus récentes négociations dans le secteur public, qui se sont déroulées rondement et ont abouti à des ententes, la dernière étant celle annoncée hier avec les infirmières.

Malheureusement, ce bilan est gâché par les révélations qui se succèdent et qui laissent croire que le monde de la construction est aux prises avec un problème de corruption systémique. Les raisons invoquées par le premier ministre pour refuser la tenue d'une commission d'enquête seraient plus convaincantes si elles n'entraient pas en contradiction avec ses propos antérieurs. Par exemple, en créant la commission Bastarache, il a déclaré qu'il fallait «dissiper tous les doutes sur l'intégrité du système judiciaire». Et les doutes quant à l'intégrité du système d'appels d'offres, du syndicalisme, du gouvernement lui-même, ne doivent-ils pas aussi être dissipés?

Jean Charest s'est vanté hier de «gouverner en fonction des priorités des Québécois». Comment alors peut-il ignorer le souhait exprimé par la vaste majorité des Québécois en faveur de la tenue d'une enquête publique? Si les libéraux avaient été un peu plus courageux en fin de semaine, ils auraient fait comprendre à leur chef qu'en s'entêtant ainsi, il cause à son gouvernement plus de tort que n'importe quelle déclaration de ses adversaires.