Dans une série d'entretiens publiés cette semaine sous forme de livre, le pape Benoît XVI semble laisser tomber la condamnation absolue de l'usage du préservatif, condamnation qui constitue la position de l'Église sur le sujet depuis l'encyclique Humanae Vitae de 1968. Malheureusement, bien que cette déclaration du pape ait fait beaucoup de bruit, son sens n'est pas clair. Les théologiens et autres exégètes ne s'entendent d'ailleurs pas sur son importance. Pour certains, dont Solange Lefebvre (en page A27), il s'agit d'une évolution significative de la pensée du Vatican. Pour d'autres, le souverain pontife n'a fait que réitérer la doctrine traditionnelle de l'Église. C'est le point de vue qu'a défendu dimanche le porte-parole du Vatican: «Le pape ne réforme ni ne change l'enseignement de l'Église.»

Dans une série d'entretiens publiés cette semaine sous forme de livre, le pape Benoît XVI semble laisser tomber la condamnation absolue de l'usage du préservatif, condamnation qui constitue la position de l'Église sur le sujet depuis l'encyclique Humanae Vitae de 1968. Malheureusement, bien que cette déclaration du pape ait fait beaucoup de bruit, son sens n'est pas clair. Les théologiens et autres exégètes ne s'entendent d'ailleurs pas sur son importance. Pour certains, dont Solange Lefebvre (en page A27), il s'agit d'une évolution significative de la pensée du Vatican. Pour d'autres, le souverain pontife n'a fait que réitérer la doctrine traditionnelle de l'Église. C'est le point de vue qu'a défendu dimanche le porte-parole du Vatican: «Le pape ne réforme ni ne change l'enseignement de l'Église.»

Pourtant, à la lecture des extraits de Lumières du monde publiés jusqu'à maintenant, on décèle bel et bien un changement. On sait que le pape avait soulevé un tollé l'an dernier en déclarant, au début d'une tournée africaine, que l'utilisation de préservatifs «aggrave le problème» du sida. Lorsque l'auteur du livre, le journaliste Peter Seewald, l'interroge au sujet de cette controverse, le pape déplore à nouveau que l'on considère le condom comme la seule solution à l'épidémie. Puis, il ajoute: «Il peut y avoir des cas particuliers, par exemple lorsqu'un prostitué utilise un préservatif, dans la mesure où cela peut être un premier pas vers une moralisation, un premier élément de responsabilité permettant de développer à nouveau une conscience du fait que tout n'est pas permis et que l'on ne peut pas faire tout ce que l'on veut.»

Apparemment surpris par cette réponse, le journaliste veut s'assurer qu'il a bien compris: «Cela signifie que l'Église catholique, sur le principe, n'est pas du tout opposée à l'utilisation des préservatifs?» On se serait attendu à ce que Joseph Ratzinger saisisse l'occasion de réitérer la condamnation du condom. Or, ses paroles sont beaucoup plus modérées: «L'Église ne la considère naturellement pas comme une solution véritable et morale. Dans l'un ou l'autre cas, dans l'intention de réduire le risque de contamination, l'utilisation d'un préservatif peut cependant constituer un premier pas sur le chemin d'une sexualité vécue autrement, une sexualité plus humaine.»

Autrement dit, si le motif de l'utilisation du condom est d'éviter l'infection du partenaire et si elle peut mener à une vie sexuelle plus responsable, l'Église ne s'y oppose plus. Ce changement ne satisfera évidemment pas tous ceux pour qui la conception de la sexualité promue par la hiérarchie catholique est rétrograde et dépourvue de pertinence. On peut néanmoins se réjouir du fait qu'en la matière, Benoît XVI semble enfin tenir compte de la réalité.