Tout en accueillant avec «humilité» la défaite subie par son parti lors de l'élection partielle dans Kamouraska-Témiscouata, le premier ministre Jean Charest a déclaré: «On ne peut pas dire qu'un message clair ressort d'un résultat aussi partagé.»

Il est vrai que la victoire du Parti québécois a été courte. Contrairement à ce que les péquistes n'ont cessé de répéter, Kamouraska-Témiscouata n'était pas une forteresse libérale. Le PQ l'a déjà représentée à deux reprises et, au référendum de 1995, le OUI l'avait emporté. Trois ans plus tard, Claude Béchard avait devancé son adversaire péquiste par seulement 110 votes.

Cela dit, le Parti québécois a bel et bien gagné dans une circonscription détenue par le PLQ depuis deux décennies; les libéraux y ont enregistré lundi leur pire score depuis 1976. De ce résultat de même que des nombreux sondages réalisés au cours des derniers mois, un message clair se dégage, quoi qu'en pense le premier ministre: la plupart des Québécois sont furieux de son refus obstiné de lancer une enquête publique sur la corruption. L'ensemble du bilan libéral est bien meilleur que ce que soutient l'opposition mais ce fait est gâché par le dégoût qu'ont suscité les diverses affaires de corruption mises au jour par les médias.

M. Charest ne croit pas aux sondages, les estimant peu fiables. Il a certes raison de les interpréter avec précaution. Toutefois, une chose est incontestable: les Québécois sont très insatisfaits de son gouvernement. Nous nous retrouvons dans une situation semblable à celle de 2005, alors que les libéraux étaient si détestés que les Québécois ne les écoutaient plus.

La faible crédibilité de ce gouvernement explique sans doute pourquoi tant de gens s'opposent à l'exploitation des gisements de gaz de schiste. «On a-tu besoin de ça?» demandent des artistes dans une vidéo diffusée sur YouTube. Oui, le Québec a désespérément besoin de cette nouvelle source de richesse. Malheureusement, quand le messager est impopulaire, même les bons messages ne passent pas.

M. Charest et ses ministres ont bien tenté de convaincre la population du bien-fondé de leur position au sujet d'une enquête publique. Leur échec est retentissant, les Québécois sont presque unanimes à réclamer une telle enquête. Combien de temps encore le premier ministre fera-t-il la sourde oreille? «J'entends les Québécois, je comprends leur inquiétude», a dit M. Charest la semaine dernière à l'Assemblée nationale. Il ne suffit pas d'entendre, il faut écouter.

Le gouvernement aura beau annoncer toute une série de mesures ciblées, les Québécois ne seront satisfaits que lorsqu'ils auront un portrait complet de la situation. Ce portrait, seule une commission d'enquête pourra le leur fournir.