Selon le Globe and Mail, le ministère fédéral des Finances et les banques du pays ont amorcé des discussions sur les moyens à prendre pour freiner la spirale de l'endettement dans laquelle sont plongés les consommateurs. Inquiètes de l'impact qu'aurait sur l'économie et sur leurs affaires une détérioration rapide des finances des Canadiens, les institutions financières pressent Ottawa d'agir. Elles ont raison: avant qu'il ne soit trop tard, le gouvernement doit mettre en place des mesures qui protégeront les consommateurs contre leur propre insouciance.

Selon le Globe and Mail, le ministère fédéral des Finances et les banques du pays ont amorcé des discussions sur les moyens à prendre pour freiner la spirale de l'endettement dans laquelle sont plongés les consommateurs. Inquiètes de l'impact qu'aurait sur l'économie et sur leurs affaires une détérioration rapide des finances des Canadiens, les institutions financières pressent Ottawa d'agir. Elles ont raison: avant qu'il ne soit trop tard, le gouvernement doit mettre en place des mesures qui protégeront les consommateurs contre leur propre insouciance.

Malgré la récession, les Canadiens ont continué d'emprunter davantage, de sorte que leur dette représente maintenant 148% de leur revenu disponible, un sommet historique. Selon les calculs de Desjardins, la situation au Québec est un peu moins grave, mais est tout de même «préoccupante». Le problème, c'est que les consommateurs étirent au maximum l'élastique de leur capacité de payer des intérêts au moment où les taux sont extrêmement bas. C'est couru: lorsque les taux augmenteront, l'élastique va casser.

Les ménages canadiens sont d'autant plus vulnérables qu'ils n'empruntent plus comme avant. Les prêts hypothécaires et les prêts à la consommation prennent de plus en plus la forme de marges de crédit; les acheteurs subiront donc immédiatement toute hausse des taux. Le recours croissant aux marges de crédit a aussi l'effet pervers d'inciter le consommateur à repousser de mois en mois le remboursement du capital. Enfin, la fragilité des ménages est accrue par le fait qu'un tiers d'entre eux n'épargnent pas de façon régulière, même pour leur retraite.

Tout est donc en place pour que, au moindre choc économique, qu'il s'agisse d'une hausse rapide des taux d'intérêt ou du taux de chômage, des milliers de Canadiens soient écrasés par le fardeau de leur dette. Une telle détérioration de la situation financière des Canadiens pourrait provoquer un ralentissement brutal de l'économie. La crise provoquée par l'effondrement du marché immobilier aux États-Unis devrait inciter tout le monde à la plus grande prudence.

À cet égard, la Banque du Canada ne manque pas une occasion d'exprimer son inquiétude. Selon elle, «le risque d'une perturbation systémique provoquée par les tensions financières au sein du secteur des ménages est élevé».

Que peut faire le ministre des Finances, Jim Flaherty? À tout le moins, il devrait rétablir les conditions qui étaient autrefois imposées aux emprunteurs hypothécaires: mise de fonds minimale de 10% (au lieu de 5%, comme c'est le cas depuis 1992), période d'amortissement maximale de 25 ans (au lieu des 35 ans permis depuis 2006). Bien que la chose soit plus délicate, le gouvernement devrait aussi envisager des mesures susceptibles d'éviter un endettement excessif par le biais de marges et de cartes de crédit.