La donnée la plus frappante du «Baromètre des personnalités politiques du Québec», publié cette semaine par Le Devoir et The Gazette, n'est pas la première place d'Amir Khadir, chevalier sans peur et sans reproche de Québec Solidaire. C'est plutôt le fait que la plupart des têtes d'affiche de la scène politique provinciale ne sont pas connues par un tiers ou plus des électeurs. Le premier ministre, Jean Charest, a raison: l'Assemblée nationale est une bulle. Une bulle à laquelle bien des citoyens ne portent aucune attention.

La donnée la plus frappante du «Baromètre des personnalités politiques du Québec», publié cette semaine par Le Devoir et The Gazette, n'est pas la première place d'Amir Khadir, chevalier sans peur et sans reproche de Québec Solidaire. C'est plutôt le fait que la plupart des têtes d'affiche de la scène politique provinciale ne sont pas connues par un tiers ou plus des électeurs. Le premier ministre, Jean Charest, a raison: l'Assemblée nationale est une bulle. Une bulle à laquelle bien des citoyens ne portent aucune attention.

Le «Baromètre» résulte d'un sondage administré par Léger Marketing. Pour chacun des députés de l'Assemblée nationale, on a demandé aux répondants s'ils en avaient une bonne ou une mauvaise opinion. Outre M. Khadir, Pierre Curzi, François Legault, Pauline Marois et Gérard Deltell figurent au sommet du palmarès. On remarquera ici l'éparpillement idéologique: les Québécois semblent attirés autant par la gauche, le centre-gauche, le centre-droite et la droite...

Il faut bien entendu prendre ce genre d'enquêtes avec un grain de sel. Avoir une bonne opinion d'un député ne signifie pas qu'on le souhaiterait au gouvernement. En tout cas, rien n'indique que les Québécois s'apprêtent à porter le parti de M. Khadir au pouvoir.

La popularité de Pierre Curzi s'explique sans doute autant par sa belle carrière de comédien que par son nouveau travail de député. Si Marguerite Blais, ministre de second plan, est mieux vue et plus connue que tous les autres membres de l'actuel conseil des ministres, c'est parce que les gens l'ont d'abord appréciée comme personnalité de la télévision.

Venons-en au vif du sujet. Quarante pour cent (40%) des Québécois ne connaissent pas Joseph Facal, député et ministre du PQ pendant neuf ans, chroniqueur vedette du Journal de Montréal, personnage de premier plan du mouvement souverainiste.

Trente-quatre pour cent (34%) des personnes interrogées ne savent pas qui est Nathalie Normandeau, vice-première ministre du Québec, présente à toutes les tribunes depuis des mois dans le dossier du gaz de schiste. Un quart des Québécois ne reconnaîtraient pas dans la rue le ministre des Finances, Raymond Bachand. Enfin, 33% des électeurs ignorent qui est Yves Bolduc, qui dirige le plus gros ministère du gouvernement.

Peut-être en a-t-il toujours été ainsi. N'empêche, à une époque où les Québécois sont plus éduqués que jamais et où l'information est omniprésente, cette ignorance ne peut qu'inquiéter. Est-elle le fruit de l'indifférence? Du désabusement? Quelles en sont les conséquences?

En tout cas, l'existence d'un tel fossé devrait porter la classe politique à faire un examen de conscience. Malheureusement, nos politiciens nous ont prouvé à maintes occasions qu'ils étaient incapables de se livrer à une telle autocritique. Sans doute sont-ils trop confortables dans leur bulle.