Il y a la manière, brutale : mardi, des dirigeants américains de la multinationale Electrolux sont arrivés à l'usine de L'Assomption, entourés de leurs gardes du corps. Ils ont ordonné qu'on installe une estrade et qu'on la protège par un barrage d'électroménagers. On a alors annoncé aux 1300 employés, en anglais, que l'usine fermera ses portes d'ici la fin de 2013. Electrolux n'avait prévenu personne, pas même le gouvernement du Québec, qui lui a pourtant fourni plus de 4 millions en aide financière.

Il y a la manière, brutale : mardi, des dirigeants américains de la multinationale Electrolux sont arrivés à l'usine de L'Assomption, entourés de leurs gardes du corps. Ils ont ordonné qu'on installe une estrade et qu'on la protège par un barrage d'électroménagers. On a alors annoncé aux 1300 employés, en anglais, que l'usine fermera ses portes d'ici la fin de 2013. Electrolux n'avait prévenu personne, pas même le gouvernement du Québec, qui lui a pourtant fourni plus de 4 millions en aide financière.

Il y a la décision elle-même, inévitable. Comme toute multinationale du secteur manufacturier, Electrolux fait face à une concurrence féroce. Si elle veut satisfaire ses actionnaires et survivre, elle doit constamment chercher des façons plus efficaces de fabriquer et de transporter ses produits. Monter des électroménagers à L'Assomption, Québec, avec des travailleurs payés 19$ l'heure, n'avait tout simplement plus de sens quand la compagnie pouvait le faire à meilleur coût et plus proche de ses principaux marchés. Dès que la décision de rationaliser la fabrication des électroménagers de cuisine fut prise, le Canada n'était plus dans le coup. Electrolux a fait savoir qu'elle avait étudié «un grand nombre de sites potentiels aux États-Unis et au Mexique». Le sort de l'usine de L'Assomption était d'ores et déjà scellé.

Non seulement l'État du Tennessee et la ville de Memphis, durement frappés par le chômage, ont-ils offert un pont d'or à l'entreprise suédoise; Memphis est stratégiquement située, au coeur d'importants réseaux autoroutier et ferroviaire. Et les employés de la nouvelle usine seront payés 13,50$ l'heure.

Le gouvernement du Québec a tout de suite compris qu'il ne pouvait surenchérir. Ce n'est pas dans la fabrication non spécialisée que se trouve l'avenir économique du Québec, mais dans les secteurs pour lesquels il jouit d'avantages concurrentiels. C'est là que l'État doit agir pour profiter de cette mondialisation dont, de façon générale, nous tirons d'énormes bénéfices.

Pour ce qui est des employés qui perdront leur emploi, la seule consolation se trouve dans le fait qu'ils auront au moins 18 mois pour s'en trouver un autre. Le gouvernement et le syndicat tenteront de trouver une compagnie intéressée à reprendre l'usine mais les chances paraissent bien minces.

Souhaitons qu'après sa maladresse et son arrogance initiales, Electrolux fasse tout en son pouvoir pour aider ces gens qui travaillent pour elle depuis plusieurs années. Espérons aussi que la multinationale redonnera à Québec le gros des millions qu'elle en a reçus. Une porte-parole nous a assuré qu'Electrolux «remboursera les montants dus au gouvernement du Québec conformément aux conditions des ententes de financement». La décence l'exige.