Le gouvernement Charest vient de publier une directive interdisant l'enseignement religieux dans les centres de la petite enfance et les garderies subventionnées. La ministre de la Famille, Yolande James, l'a annoncé vendredi dans une garderie de Montréal où on avait pris soin d'installer... un arbre de Noël. Mme James s'est d'ailleurs empressée de préciser qu'il n'était pas question de «sortir les sapins de Noël de nos CPE».

Le gouvernement Charest vient de publier une directive interdisant l'enseignement religieux dans les centres de la petite enfance et les garderies subventionnées. La ministre de la Famille, Yolande James, l'a annoncé vendredi dans une garderie de Montréal où on avait pris soin d'installer... un arbre de Noël. Mme James s'est d'ailleurs empressée de préciser qu'il n'était pas question de «sortir les sapins de Noël de nos CPE».

Cette directive fait suite à des reportages révélant que certaines garderies avaient été mises sur pied par des organisations orthodoxes juives et musulmanes. L'État a été sommé d'intervenir de toute urgence.

Inévitablement, compte tenu de la complexité de la question, le document laisse beaucoup de zones d'ombre. Il interdit «des activités entreprises, de façon répétée, afin d'amener l'enfant à intégrer l'apprentissage d'une croyance, d'un dogme ou de la pratique d'une religion spécifique». Par contre, les manifestations culturelles liées à une fête religieuse sont permises. On pourra donc souligner l'approche de Noël, mais sans enseigner la signification de cette fête. Une garderie pourra décorer ses locaux d'un sapin et même d'une crèche, comprend-on, pourvu que les éducatrices n'en profitent pas pour en expliquer le sens: «Jésus était un bébé ordinaire. Pourquoi fête-t-on sa naissance 2000 ans plus tard? Fouille-moi!»

Des inspecteurs seront chargés de veiller au respect de la directive. À eux de décider s'il y a «trop» d'objets religieux dans une garderie. À eux de s'assurer qu'une éducatrice ne fait pas «mémoriser ou réciter un chant religieux». Aux poubelles «Mon beau sapin»!

La directive prétend faire une distinction entre les aspects culturels et religieux des fêtes, activités et objets. Le sapin est décrété culturel même si, comme l'a rappelé Jean-Paul II, la chrétienté y voit depuis des siècles le symbole de «la vie qui ne meurt pas».

Gageons que ces représentants de l'État auront tendance, comme bon nombre de Québécois de souche, à considérer «culturels» les pratiques religieuses faisant partie de leur tradition tandis que les manifestations juives, musulmanes, sikhes et autres seront considérées comme «religieuses», donc menaçantes.

Une fois tous ces instruments d'endoctrinement bannis des CPE, où s'arrêtera-t-on? Si l'enseignement religieux est interdit dans les garderies financées par l'État, pourquoi serait-il autorisé, comme il l'est depuis des décennies, dans les écoles privées subventionnées?

Au lieu d'envoyer des inspecteurs écouter aux portes des garderies pour voir si on n'y entonnerait pas l'hymne des cieux, ne pourrions-nous pas nous faire confiance ? Faire confiance aux parents pour choisir ce qu'il y a de mieux pour leurs enfants? Et faire confiance dans la capacité de la majorité à transmettre, sans heurts, patiemment, ses valeurs aux minorités?