Les résultats provisoires du référendum sur l'indépendance du Sud-Soudan indiquent que 99% des électeurs de cette région ont voté en faveur de la séparation. Un résultat qui ne laisse aucun doute sur la volonté des Soudanais du Sud, d'autant plus que la question était d'une clarté absolue; sur le bulletin de vote, les électeurs devaient choisir entre «la séparation» et «l'unité».

Ces résultats sont tels que la communauté internationale acceptera sans hésiter la création du nouvel État. Même le président du Soudan, accusé par ailleurs de crimes contre l'humanité, a convenu que la sécession était chose faite.

Voilà comment la grande majorité des peuples ont fait leur indépendance au cours des dernières décennies: en répondant OUI par une majorité écrasante à une question limpide. Ce n'est malheureusement pas la voie qu'ont choisie les indépendantistes québécois. Les déclarations de Pauline Marois dimanche confirment que sous sa direction, un gouvernement du Parti québécois multipliera les manoeuvres visant à provoquer une crise qui mènerait la population là où la majorité des Québécois ne veut pas aller.

Ainsi, Mme Marois s'est engagée à provoquer les conditions gagnantes d'un référendum en multipliant les demandes de rapatriement de pouvoirs au fédéral. En somme, Ottawa devrait abandonner à peu près toutes ses activités dans la province au profit du gouvernement du Québec, sans quoi le PQ conclura, Mme Marois l'a déjà annoncé, «que le fédéralisme est incapable de répondre aux besoins de la population québécoise».

Est-ce l'attitude que la plupart des Québécois souhaitent voir leur gouvernement adopter? Au contraire, ils veulent un gouvernement qui, libéral ou péquiste, cherche à régler les désaccords avec le fédéral plutôt qu'à en créer davantage.

D'autres enseignements précieux nous arrivent de la scène internationale. Les indépendantistes d'ici se sont réjouis l'été dernier lorsque la Cour internationale de justice a jugé conforme au droit international la déclaration unilatérale d'indépendance du Kosovo, malgré l'opposition de la Serbie dont il faisait partie jusque-là.  

Avant la publication de l'avis de la Cour, seulement 69 pays avaient reconnu le nouvel État (il en faut plus de 120 pour être admis à l'ONU). Depuis le jugement favorable du tribunal, à peine cinq pays se sont ajoutés à la liste. Le Kosovo est donc très loin du compte. Pourquoi cette tiédeur? Parce que plusieurs pays craignent que la reconnaissance de l'indépendance du Kosovo ne crée un précédent dangereux pour leur propre unité. En ces matières, on le voit, les intérêts géopolitiques comptent plus que le droit. C'est pourquoi un mouvement indépendantiste a tout avantage à ne pas fonder sa démarche sur des arguties des juristes (50% + 1). Il vaut mieux s'imposer par le poids d'un appui populaire massif et durable à un projet clair.