Le premier ministre, Jean Charest, a remanié hier son conseil des ministres. Ce remaniement s'ajoute à d'autres mesures récentes ou à venir destinées à sortir ce gouvernement des sables mouvants d'impopularité dans lesquels il s'est enfoncé.

Le premier ministre, Jean Charest, a remanié hier son conseil des ministres. Ce remaniement s'ajoute à d'autres mesures récentes ou à venir destinées à sortir ce gouvernement des sables mouvants d'impopularité dans lesquels il s'est enfoncé.

Du point de vue de l'analyse politique, la ténacité de M. Charest est fascinante. Ce n'est pas pour rien que les commentateurs disent de lui que, comme un chat, il a neuf vies. Bien que 75% des Québécois se disent insatisfaits de son gouvernement et que plusieurs observateurs tiennent sa carrière politique pour terminée, le chef libéral revient avec force dans l'arène, déterminé à faire mentir les sondages et les gérants d'estrade. Toutefois, il n'est pas certain que M. Charest réalise à quel point la côte à remonter est abrupte.

Mardi, le premier ministre a nommé son nouveau chef de cabinet, en la personne d'un vieux routier de la machine libérale, Luc Bastien. Pour tout gouvernement, ce poste est névralgique. Lorsque Daniel Gagnier est arrivé comme chef de cabinet de M. Charest, en 2007, le gouvernement libéral s'est soudainement mis à fonctionner de façon plus rigoureuse. Depuis qu'il est parti, les choses vont beaucoup moins bien.

Le remaniement d'hier vise à injecter du sang neuf au conseil des ministres. Il ne changera pas radicalement l'image ou le fonctionnement du gouvernement, mais les nouveaux venus sont de bons choix. Geoffrey Kelly est passionné par les affaires autochtones et il est respecté par les membres des Premières Nations. Compte tenu des enjeux soulevés par le Plan Nord, son retour à ce portefeuille s'imposait. Pierre Moreau méritait depuis longtemps d'être ministre. Les questions fédérales-provinciales l'ont toujours intéressé; il devrait faire un bon travail aux Affaires intergouvernementales.

Le premier ministre compte mettre un terme à la session en cours et présenter un discours inaugural. Il serait étonnant que celui-ci ait plus d'impact que les précédents, généralement beaucoup trop longs et éparpillés.

Ces gestes sont des passages obligés, mais il faudra beaucoup plus pour que ce gouvernement regagne la confiance de la population. Il est essentiel qu'il reprenne le contrôle des tendances qui lui ont si souvent nui dans le passé, notamment l'arrogance et la maladresse. À cet égard, la suite du dossier du gaz de schiste sera révélatrice. Comment le gouvernement réagira-t-il au rapport du BAPE? Que fera-t-il si la population continue à s'opposer au développement de cette ressource?

Et puis, il y a la corruption. M. Charest, on le sait, ne lancera pas l'enquête publique que réclame la population. Comment alors convaincra-t-il les Québécois que son parti n'a rien à cacher? Comment démontrera-t-il que le ménage a vraiment été fait, pas seulement à Boisbriand mais dans toute la province?

Comme l'a perçu notre caricaturiste, ce n'est pas une côte que Jean Charest doit remonter. C'est l'Everest.