Depuis le début de la semaine, la chef du Parti québécois, Pauline Marois, accuse le gouvernement d'avoir bradé les ressources pétrolières de l'île d'Anticosti au profit du privé. Il ressort une certaine incohérence des propos de Mme Marois au sujet de l'éventuelle exploitation du pétrole et du gaz au Québec, de même que des opinions exprimées par plusieurs commentateurs et citoyens.

Depuis le début de la semaine, la chef du Parti québécois, Pauline Marois, accuse le gouvernement d'avoir bradé les ressources pétrolières de l'île d'Anticosti au profit du privé. Il ressort une certaine incohérence des propos de Mme Marois au sujet de l'éventuelle exploitation du pétrole et du gaz au Québec, de même que des opinions exprimées par plusieurs commentateurs et citoyens.

D'une part, la leader péquiste, les écologistes et à leur suite une majorité de Québécois exigent un moratoire sur l'exploration du gaz de schiste. Rien ne sert de se presser, disent-ils, il faut s'assurer qu'on pourra exploiter cette ressource sans nuire à l'environnement. Par contre, dans le cas du pétrole au large des Îles de la Madeleine (Old Harry), on accuse le gouvernement Charest de se traîner les pieds. Et pour ce qui est d'Anticosti, on en veut aux libéraux d'avoir laissé Hydro-Québec vendre ses permis de prospection à la compagnie Pétrolia, des permis «qui pourraient aujourd'hui valoir des milliards de dollars», selon Mme Marois.

Donc, halte au gaz, mais pour le pétrole, fonçons! Pas un mot sur l'environnement exceptionnel de l'île. Rien sur le fait que le pétrole, s'il y en a, est emprisonné dans le shale et devrait être puisé avec la même technique de fracturation que celle utilisée pour le gaz.

La méfiance exprimée à l'endroit de l'entreprise privée est également paradoxale. D'abord, de quelles entreprises s'agit-il ici? Exxon? BP? Non. Dans la plupart des cas, on parle de petites compagnies minières. Parmi elles, Junex et Pétrolia, fondées et dirigées par des Québécois. Les gens de Junex ont fait rire d'eux pendant des années avec leur rêve fou de dénicher ici du pétrole et du gaz. Pendant que l'État québécois (la SOQUIP en 1984, Hydro-Québec en 2008) abandonnait, eux ont continué. Et voilà qu'au moment où ils pourraient récolter le fruit de leurs efforts, on les traite comme des voleurs? Ne devrait-on pas au contraire applaudir la persévérance de ces gens du pays?

Rappelons que c'est après avoir été intégrée à la SGF, sous un gouvernement du PQ, que la SOQUIP a dépéri pour devenir une coquille vide. Lorsqu'Hydro-Québec a délaissé l'exploration pétrolière et gazière, on déplorait qu'elle ait flambé 30 millions dans ce projet.

Aujourd'hui, l'idée d'une participation de Québec à la recherche d'hydrocarbures suscite un regain d'intérêt, même au sein de l'industrie. Les petites entreprises impliquées auront besoin de centaines de millions pour poursuivre leurs travaux, des capitaux qui pourraient venir d'une multinationale ou du gouvernement. Si cette dernière avenue est retenue, il faudra accepter que de tels investissements soient risqués. Pour l'État, il pourrait certes s'agir d'un pactole. Mais ça pourrait aussi devenir un gouffre financier. Les contribuables sont-ils prêts à prendre ce risque?