Les chefs des partis conservateur et libéral feront leur premier arrêt au Québec dès cette fin de semaine, au tout début de la campagne électorale. Faut-il y voir une preuve de l'importance qu'accordent ces formations à notre province, des espoirs qu'ils y fondent? Non. Bien sûr, le Québec, siège d'un des deux peuples fondateurs, conserve une certaine valeur symbolique pour les grands partis nationaux. Cependant, leurs stratèges savent que leurs chances d'ébranler la forteresse bloquiste sont très minces.

Les chefs des partis conservateur et libéral feront leur premier arrêt au Québec dès cette fin de semaine, au tout début de la campagne électorale. Faut-il y voir une preuve de l'importance qu'accordent ces formations à notre province, des espoirs qu'ils y fondent? Non. Bien sûr, le Québec, siège d'un des deux peuples fondateurs, conserve une certaine valeur symbolique pour les grands partis nationaux. Cependant, leurs stratèges savent que leurs chances d'ébranler la forteresse bloquiste sont très minces.

En entrevue au Devoir, le sénateur Jean-Claude Rivest a déploré «l'espèce d'inconscience des grands partis fédéraux qui ne s'intéressent plus du tout aux réalités québécoises». À ceux selon qui cette attitude s'explique par la force du Bloc québécois, M. Rivest rétorque: «Si le Bloc existe, c'est parce que les trois autres partis sont nuls.»

M. Rivest a raison dans sa description de la situation; il ne fait aucun doute que les partis nationaux se soucient beaucoup moins du Québec qu'autrefois. Il n'a pas tort non plus de déplorer l'incapacité de ces formations à élaborer un discours susceptible de séduire les Québécois. Cependant, comme bien d'autres, le sénateur fait erreur lorsqu'il fait porter l'entière responsabilité de cette situation aux politiciens fédéraux. Leur indifférence est tout simplement le fruit des choix des électeurs québécois.

Le dernier chef de parti à avoir fondé sa stratégie électorale sur le Québec se nomme... Stephen Harper. De 2006 à 2008, il a promis et livré un «fédéralisme d'ouverture». Prenant des risques politiques importants, il a fait reconnaître l'existence de la nation québécoise par les Communes et réglé le déséquilibre fiscal à la faveur du Québec. Résultat aux élections de 2008:  aucun siège de plus. Les conservateurs ont compris le message: rien à faire avec le Québec.

Comme d'autres, M. Rivest se demande pourquoi le Québec n'est pas mieux représenté au bureau du premier ministre et au cabinet. Cette quasi-absence des Québécois au sein des instances décisionnelles à Ottawa découle du fait que les Québécois ont décidé d'être fortement représentés dans l'opposition plutôt qu'au pouvoir. C'est un choix parfaitement légitime. Cependant, il est illogique de déplorer ensuite le peu d'influence du Québec au sein des caucus conservateur et libéral.

L'époque (1960-1995) où le Québec était au centre de la politique canadienne est terminée. Elle ne reviendra pas. Le Canada a changé et continue de changer à vitesse grand V, politiquement, économiquement, culturellement. Les Québécois pourraient peser sur cette évolution de tous leurs talents, y injecter leur culture distincte. Or, plutôt que de participer au match, nous avons jusqu'ici préféré rester sur le banc et, de là, critiquer les joueurs. Cela étant, pourquoi le Canada anglais se soucierait-il de nous? Les absents ont toujours tort.