Quatre ans après en avoir pris la tête, Pauline Marois a fait la preuve en fin de semaine de l'ascendant qu'elle exerce désormais sur le Parti québécois. Non seulement a-t-elle obtenu un appui record de 93% des militants lors du vote de confiance, elle a réussi à faire changer d'idée les délégués sur une proposition relative à la langue de l'affichage.

Quatre ans après en avoir pris la tête, Pauline Marois a fait la preuve en fin de semaine de l'ascendant qu'elle exerce désormais sur le Parti québécois. Non seulement a-t-elle obtenu un appui record de 93% des militants lors du vote de confiance, elle a réussi à faire changer d'idée les délégués sur une proposition relative à la langue de l'affichage.

En somme, le congrès national tenu en fin de semaine à Montréal a massivement endossé le leadership de Mme Marois et son plan de «gouvernance souverainiste». Il faut rendre hommage à la chef, qui vient de réussir là un véritable tour de force. D'autres avant elle, et non les moindres, n'avaient pas réussi à mater cette formation difficile. «Amadouer» serait un terme plus approprié, car la manière Marois est toute en douceur, en collégialité.

Le retour à l'affichage unilingue français, d'abord approuvé par les militants en matinée dimanche, aurait mis Mme Marois dans l'embarras. Comme l'a rappelé la chef, cette partie de la Charte de la langue française avait été non seulement déclarée inconstitutionnelle par la Cour suprême, mais dénoncée par Comité des droits de l'homme de l'ONU. Les militants ont entendu raison et renversé leur vote du matin.

Deux autres propositions relatives à la langue ont été adoptées. La première, appuyée par Mme Marois, veut qu'un futur gouvernement péquiste étende l'application de la loi 101 au niveau collégial. Nous avons souvent écrit ici qu'une telle mesure n'est ni souhaitable ni nécessaire. Le Conseil de la langue française a récemment rappelé que la proportion de jeunes allophones s'inscrivant au cégep anglais est à la baisse depuis plusieurs années. On ne doit limiter les droits fondamentaux des personnes, notamment le droit à l'éducation de leur choix, à moins qu'une telle politique ne vise à corriger un mal plus grand encore. Ce n'est pas le cas ici. Malgré ces profondes réserves, nous saluons la passion belle à voir du principal défenseur de cette mesure, le député de Borduas, Pierre Curzi. Les intentions sont bonnes; malheureusement, le moyen choisi replongera le Québec dans des querelles linguistiques stériles.

L'autre proposition adoptée par les péquistes vise à rendre obligatoires des cours de francisation pour les immigrants «n'ayant pas une connaissance suffisante de la langue française fonctionnelle». Avant d'imposer (comment?) des cours de français aux nouveaux Québécois, il faudrait commencer par satisfaire la demande de tous ceux qui veulent en suivre.

Bien en selle à la tête de son parti, Mme Marois entreprend maintenant la longue lutte qui la mènera à la prochaine campagne électorale. Le déroulement du congrès de la fin de semaine renforcera le respect qu'ont déjà pour elle beaucoup de Québécois.