Les sondages publiés au cours des derniers jours s'entendent pour décrire une hausse des appuis au Nouveau Parti démocratique, en particulier au Québec, où pourtant ce parti a toujours été marginal. Selon l'enquête Angus Reid publiée par La Presse lundi, le NPD serait maintenant au deuxième rang dans la province, derrière le Bloc québécois.

Les sondages publiés au cours des derniers jours s'entendent pour décrire une hausse des appuis au Nouveau Parti démocratique, en particulier au Québec, où pourtant ce parti a toujours été marginal. Selon l'enquête Angus Reid publiée par La Presse lundi, le NPD serait maintenant au deuxième rang dans la province, derrière le Bloc québécois.

Ce mouvement d'opinion est assez solide pour que le chef bloquiste, Gilles Duceppe, s'en inquiète ouvertement. Hier, au cours d'une rencontre avec l'équipe éditoriale de La Presse, M. Duceppe a expliqué que la montée néo-démocrate pourrait empêcher le Bloc de l'emporter dans des circonscriptions de la région de Québec, où il espérait déloger des députés conservateurs. C'est pourquoi le chef du Bloc dit qu'un vote pour le NPD «favorise les conservateurs». M. Duceppe a toutefois dû convenir que dans d'autres régions, notamment à Montréal, le glissement du vote bloquiste vers le NPD pourrait faire élire non pas des conservateurs, mais des libéraux.

Pourquoi des Québécois sont-ils tentés de voter pour la formation dirigée par Jack Layton? Il y a d'abord M. Layton lui-même, que tout le monde - même M. Duceppe! - trouve bien sympathique. Plus significatif, on sent dans la population une certaine lassitude à l'égard des bloquistes. Des gens qui ont toujours voté Bloc commencent à trouver stérile sa position d'opposition permanente. L'écrivain Michel Pruneau s'exprimait ainsi dans nos pages samedi dernie: «Comment le projet politique souverainiste s'est-il transformé en statut vindicatif qui donne au Québec l'allure d'un éternel adolescent qui quémande son droit à la différence, tout en demeurant chez ses parents?»

Pour ces gens, généralement de sensibilité sociale-démocrate, il est hors de question de voter pour le parti de Stephen Harper. Le Parti libéral semble également exclu. Relents de l'affaire des commandites? Incapacité de Michael Ignatieff de toucher les cordes sensibles des Québécois? Quoi qu'il en soit, c'est vers le NPD que ces électeurs se sont tournés. L'omniprésent chef adjoint, Thomas Mulcair, a donné à la formation une assise québécoise solide. Autrefois centralisateur, le NPD est aujourd'hui plus disposé que jamais à accommoder la différence québécoise.

La tentation néo-démocrate est toutefois paradoxale. Si l'on s'éloigne du Bloc parce qu'il condamne le Québec à l'opposition perpétuelle, pourquoi choisir le NPD, qui selon toute vraisemblance se retrouvera lui aussi dans l'opposition? La certitude qu'ont les néo-démocrates eux-mêmes de ne pas prendre le pouvoir leur permet de proposer une plateforme électorale tout aussi irréaliste que celle du Bloc, avec des dépenses supplémentaires de plus de 10 milliards par année.

Cela dit, le Québec sera gagnant si la montée du NPD se traduit par l'élection d'un plus grand nombre de Québécois au sein des caucus des trois grands partis nationaux.