Le Parti conservateur a été reporté au pouvoir, avec la majorité dont rêvait Stephen Harper. Mais les élections du 2 mai 2011 passeront à l'histoire pour une autre raison, un tremblement de terre politique dont l'épicentre se situe au Québec. D'abord, l'effondrement tout à fait inattendu du Bloc québécois, réduit à trois sièges dans une province qu'il dominait, presque sans partage, depuis 1993. Ensuite, l'écroulement presque aussi spectaculaire du Parti libéral du Canada.

Le Parti conservateur a été reporté au pouvoir, avec la majorité dont rêvait Stephen Harper. Mais les élections du 2 mai 2011 passeront à l'histoire pour une autre raison, un tremblement de terre politique dont l'épicentre se situe au Québec. D'abord, l'effondrement tout à fait inattendu du Bloc québécois, réduit à trois sièges dans une province qu'il dominait, presque sans partage, depuis 1993. Ensuite, l'écroulement presque aussi spectaculaire du Parti libéral du Canada.

M. Harper a gagné son pari, profitant de la division du centre-gauche. Nous espérons, sans nous faire d'illusion, que le premier ministre réagira de façon responsable plutôt qu'arrogante à sa nouvelle situation. Il faudra aussi que M. Harper assure au Québec une représentation décente au sein de son cabinet malgré la défaite de certains de ses ministres québécois.

Obtenant son meilleur résultat de l'histoire, le Nouveau Parti démocratique deviendra l'opposition officielle. Son chef, Jack Layton, portera une lourde responsabilité, à deux volets. D'une part, il devra s'assurer que le gouvernement Harper ne profite pas indûment de sa majorité. D'autre part, plus de la moitié de ses députés venant du Québec, il devra s'attacher à protéger les intérêts de la province et à convaincre les Québécois qu'ils ont tout intérêt à contribuer positivement au développement du pays au lieu de rester en retrait.

Le Bloc québécois n'aura, dans le prochain Parlement, que trois députés.  Est-ce la fin du Bloc, qui se retrouve aussi sans l'imposant chef qu'a été Gilles Duceppe? Il est trop tôt pour le dire. Il nous semble en tout cas évident que beaucoup de Québécois en avaient assez de la position du Bloc, jamais satisfait de ce qui venait ou ne venait pas d'Ottawa.

Certains verront dans ces résultats la preuve d'un recul historique du mouvement indépendantiste; ce serait une erreur. N'oublions pas que les sondages donnent toujours 40% d'appuis à la souveraineté. Cela dit, les résultats d'hier mettent certainement à mal un des fondements de l'argumentaire bloquiste, à savoir l'idée d'une divergence fondamentale entre les valeurs du Canada anglais et celles du Québec. Les centaines de milliers de Québécois francophones qui ont voté pour le NPD partagent de toute évidence les mêmes idées sociales-démocrates que les concitoyens des autres provinces qui ont fait de même.

Le Parti libéral est l'autre grand perdant du scrutin d'hier. Ce grand parti national a été réduit à une trentaine de sièges, sa pire performance depuis la Confédération. Le résultat incitera nécessairement les libéraux à une profonde réflexion. D'aucuns concluront immédiatement que le chef, Michael Ignatieff, doit être remplacé. D'autres envisageront tout de suite la fusion avec le NPD. En ces matières, toutefois, la précipitation est mauvaise conseillère.