Ce n'est plus un vent de changement, mais un véritable ouragan qui souffle sur le Québec si on en croit les données du sondage CROP-La Presse publié ce matin. Une coalition formée par le groupe de François Legault et l'ADQ récolterait 47% des suffrages si les élections avaient lieu aujourd'hui, un score qu'on n'a pas vu lors d'un scrutin provincial depuis les années 80.

Évidemment, comme les prochaines élections auront lieu en 2012 au plus tôt, il est très loin d'être certain que M. Legault et son hypothétique parti seront aussi populaires le jour du vote venu. N'empêche, on constate que le coup de balai donné le 2 mai dernier n'a pas suffi à assouvir la soif de changement des Québécois.

Les libéraux de Jean Charest se réjouiront de se voir reprendre la première place dans les intentions de vote. Ils ne doivent toutefois pas se faire d'illusions: 6 Québécois sur 10 restent insatisfaits du gouvernement. Quand on demande aux gens qui, des chefs actuellement en poste, ferait le meilleur premier ministre, M. Charest arrive premier... mais 47% des répondants ne peuvent exprimer de préférence tellement ils sont déçus du choix qu'on leur propose.

Le Parti québécois souffre évidemment de la crise qu'il traverse; le PQ n'obtient plus que 29% des intentions de vote et seulement 15% des personnes interrogées voient Pauline Marois comme la plus qualifiée pour occuper le poste de premier ministre. Il faudra voir si l'impact de la crise s'estompera. Les députés réunis en caucus hier ont tous pris l'engagement de rester au PQ et d'épauler Mme Marois. Toutefois, les attaques virulentes lancées par certains d'entre eux contre les démissionnaires n'augurent rien de bon quant à leur capacité de «faire de la politique autrement». On se demande aussi pourquoi Gilles Duceppe a choisi ce moment précis pour accorder sa première entrevue télévisée depuis le 2 mai.

Chose certaine, les deux «vieux partis» ont beaucoup de travail à faire pour convaincre l'électorat qu'ils représentent le changement. Quand on gouverne depuis 10 ans, c'est presque impossible. Quand on se déchire sur les mêmes questions depuis quatre décennies, on ne fait pas neuf, neuf non plus.

Alors surgit François Legault. L'homme n'a pas grand charisme. Ses idées, pour ceux qui les connaissent, n'ont rien pour transporter les foules. Mais il promet une trêve dans le débat sur l'indépendance, trêve que souhaite une majorité de Québécois. Il parle des questions qui préoccupent les gens: santé, éducation, prospérité. Et, surtout, il n'est ni libéral ni péquiste.

Peut-être l'effet Legault s'effondrera-t-il le jour où sa coalition deviendra un parti. On a toutefois l'impression que le désir de changement des Québécois, lui, ne disparaîtra pas.