Le gouvernement canadien a annoncé mercredi la vente de la division commerciale d'Énergie atomique du Canada (EACL) à une nouvelle filiale du groupe SNC-Lavalin, CANDU Energy. Prix de vente: 15 millions. Une bouchée de pain. Malgré les critiques formulées par le NPD et les syndicats, cette transaction était non seulement nécessaire, elle pourrait sauver l'industrie nucléaire canadienne.

Le gouvernement canadien a annoncé mercredi la vente de la division commerciale d'Énergie atomique du Canada (EACL) à une nouvelle filiale du groupe SNC-Lavalin, CANDU Energy. Prix de vente: 15 millions. Une bouchée de pain. Malgré les critiques formulées par le NPD et les syndicats, cette transaction était non seulement nécessaire, elle pourrait sauver l'industrie nucléaire canadienne.

La division commerciale d'EACL, c'est celle qui a conçu et commercialisé les réacteurs CANDU, qui firent un temps la fierté des Canadiens. Malheureusement, depuis quelques années, cette division traversait une passe pénible. Aucun nouveau réacteur n'a été vendu depuis une vingtaine d'années. La mise au point de réacteurs de nouvelle génération, l'ACR 1000 et le CANDU EC 6, a été plus longue et surtout plus coûteuse que prévu, ce qui a forcé Ottawa à verser chaque année des dizaines de millions à la société. EACL s'est lancée dans la réfection de centrales existantes, mais ces projets ont également subi d'importants dépassements de coûts que le gouvernement fédéral a dû assumer. Ainsi, depuis 2003, le gouvernement a versé 1,3 milliard à EACL pour ses activités commerciales, somme à laquelle il faut ajouter les centaines de millions consacrés aux activités de recherche et de production d'isotopes médicaux. Bref, il était devenu évident que la société de la Couronne était incapable de contrôler ses coûts et que l'industrie nucléaire comportait des risques beaucoup trop importants pour qu'on y expose les contribuables. La vente s'imposait.

La chose n'a pas été simple, les acheteurs ne se pressant pas à la porte. En bout de course, SNC était seule sur les rangs, ce qui a placé la société montréalaise en position de force.

L'entente conclue est tout à l'avantage de SNC. Non seulement le prix de vente est-il très bas, mais Ottawa s'engage à contribuer 70% des coûts de développement de l'EC 6 jusqu'à concurrence de 75 millions. De plus, le gouvernement demeure responsable des cinq projets de réfection en cours (dont celui de Gentilly-2), ce qui veut dire qu'en cas de dépassements de coûts, la facture sera envoyée à Ottawa. Toutefois, le contrat comprend des pénalités qui inciteront SNC à exécuter les travaux dans les délais et les coûts prévus.

Certains s'inquiéteront de cette privatisation partielle d'EACL, craignant pour l'avenir de la technologie CANDU dans laquelle l'État canadien a tant investi. Ces craintes sont mal fondées. Cette transaction ressemble à celle par laquelle Ottawa avait vendu Canadair à Bombardier, en 1986; ce fut le début de l'extraordinaire aventure de Bombardier dans la conception et la construction d'avions. SNC tentera de faire de même dans le domaine nucléaire. La réussite n'est pas assurée, mais les chances sont bien meilleures avec l'équipe de SNC à la barre que si le gouvernement avait continué de pomper des millions dans une société de la Couronne à la dérive.