Les premiers ministres Stephen Harper et Jean Charest ont annoncé hier une entente sur l'harmonisation de la TVQ et de la TPS, entente en vertu de laquelle le gouvernement fédéral versera au Québec une compensation de 2,2 milliards.

Il a fallu plusieurs mois de négociations pour arriver à cet accord. Autant du point de vue politique que technique, il y a avait plusieurs questions délicates à régler. En définitive, les deux gouvernements peuvent être satisfaits de l'accord conclu. Comme le souhaitait Ottawa, la TVQ est complètement harmonisée avec la TPS; en particulier, il n'y aura plus de «taxe sur la taxe». Comme le voulait le gouvernement Charest, c'est Québec qui continuera de percevoir les deux taxes et celles-ci continueront d'être distinctes. Les 2,2 milliards aideront la province à revenir à l'équilibre budgétaire en 2013-2014, tel que prévu dans le dernier budget.

Depuis des mois, les leaders indépendantistes faisaient de ce dossier l'un de leurs principaux chevaux de bataille. Pauline Marois et Gilles Duceppe voyaient dans le refus d'Ottawa de verser au Québec «son dû» une illustration de «l'échec du fédéralisme». Voici le problème réglé. Concluront-ils que le fédéralisme fonctionne? Ce dossier sera-t-il au moins placé dans la colonne des actifs du régime canadien? Bien sûr que non. Il sera relégué aux oubliettes, comme l'ont été toutes les questions que les indépendantistes ont un jour jugées cruciales et qui ont été réglées à la satisfaction du Québec. Qu'il suffise de mentionner, entre autres, l'immigration, les bourses du millénaire, les commissions scolaires, la formation de la main d'oeuvre, l'UNESCO, la reconnaissance de la nation, le déséquilibre fiscal, Old Harry...

Pour s'assurer que le Québec paraisse toujours être l'Aurore enfant martyre de la fédération, on s'empressera de trouver d'autres causes de mécontentement à l'égard d'Ottawa. Il n'en manquera pas, d'ailleurs. Les tensions entre paliers de gouvernement font partie de la nature même d'une fédération. Il n'y a pas lieu de s'en désoler; l'important, c'est que ces contentieux se règlent pacifiquement, à l'avantage des deux parties.

Par ailleurs, il faut apprendre des négociations qui portent leurs fruits. Hier, le premier ministre Charest a souligné le travail «exceptionnel» du ministre des Finances, Raymond Bachand. En effet, M. Bachand a fait preuve de ténacité, d'intelligence politique et de rigueur intellectuelle dans cette affaire. Pour pousser à l'action le gouvernement fédéral, lui qui est soumis à une multitudes de contraintes politiques, bureaucratiques et financières, il ne suffit pas de crier. Il faut surtout monter un dossier solide, se trouver des alliés (au sein du gouvernement et ailleurs au pays), persister.

C'est cette méthode qu'il faut maintenant employer dans le dossier du pont Champlain.