Visiblement, la conciliation travail-famille est loin d'être au point. Les mères de jeunes enfants qui travaillent à temps partiel trouvent leur horaire beaucoup plus stressant que les pères dans la même situation, montre une nouvelle étude de l'Institut de la statistique du Québec (ISQ). Des chiffres qui n'interpellent pas seulement les milieux de travail, mais aussi le milieu familial.

L'ISQ s'est intéressé aux Québécois de 25 à 44 ans qui ont des enfants de 12 ans et moins. Premier constat: les femmes de ce groupe n'ont jamais été aussi présentes sur le marché du travail. Plus de 80% d'entre elles font partie de la population active, deux fois plus qu'il y a 30 ans. Comme elles deviennent mères plus tard qu'auparavant, il y a des chances que leur carrière soit déjà bien engagée lorsqu'elles ont leur premier enfant. Et qu'elles la reprennent après leur congé de maternité. Au même point? Pas exactement. Les femmes qui travaillent à temps plein et ont de jeunes enfants ont la langue à terre. Pas mal plus que les hommes dans la même situation, montrent les données de l'ISQ.

Ces jeunes mères ressentent la pression du temps de façon beaucoup plus aiguë. Elles ont beaucoup plus tendance à se trouver prises dans la routine du quotidien et à sentir qu'elles n'ont plus de temps pour s'amuser. Peut-être parce qu'elles assument encore la majorité des tâches familiales? Les travailleuses à temps plein qui ont des jeunes de moins de 5 ans passent 4,1 heures par jour à s'occuper des enfants et des travaux ménagers. Les pères? Seulement 2,8 heures par jour. C'est quand même un net progrès par rapport à leurs aînés. Les pères d'il y a 20 ans consacraient 55% moins de temps au ménage et 75% moins de temps aux soins des enfants.

Pour résoudre l'équation travail-famille, les femmes préfèrent souvent intervenir sur la première composante. Après leur congé de maternité, seulement les deux tiers retournent travailler à temps plein. Et 64% d'entre elles auraient préféré le faire à temps partiel. Pour passer plus de temps avec leur enfant, bien sûr. Mais aussi, sans doute, pour s'enlever un peu de pression.

Les jeunes mères qui travaillent à temps plein, nous l'avons vu, ressentent cette pression de façon beaucoup plus intense. Pourquoi? L'indice utilisé par les chercheurs se compose de plusieurs questions. Et certaines réponses sont très instructives.

Près des deux tiers des femmes se plaignent de ne pas avoir accompli ce qu'elles voulaient à la fin de la journée. Une proportion aussi importante se sentent tendues quand elles manquent de temps. Les hommes? À peine la moitié ressentent ces situations de la même façon. D'accord, ils s'investissent moins dans la maison. Sauf que ça n'explique pas tout. Il y a une réelle différence dans les attitudes et les attentes. Oui, les hommes devraient en faire plus. Mais les femmes pourraient, aussi, s'en faire un peu moins.

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