Un vote historique. L'expression s'impose pour décrire l'adoption, hier par la Chambre des représentants, de la plus importante réforme du système de santé américain en plus de 40 ans. Les Américains entrent dans une ère nouvelle où leur accès aux soins médicaux ne sera plus dicté uniquement par les lois du marché et des mesures de compassion, mais encadré par l'État.

Grâce au projet de loi adopté hier, 32 millions d'Américains qui n'ont pas de couverture médicale pourront enfin s'en procurer une. Les autres bénéficieront d'un assainissement des règles du jeu puisque les assureurs ne pourront plus refuser ou abandonner les clients malades.

 

C'est une importante victoire pour Obama, qui avait placé cet enjeu au coeur de sa campagne électorale et qui est passé bien près de ne pouvoir tenir sa promesse. Une victoire à l'arraché puisqu'en début de journée hier, la majorité démocrate était encore bien fragile. Il aura fallu, pour la consolider, que le président s'engage à signer un décret réitérant que les fonds fédéraux ne serviraient jamais à financer les interruptions de grossesse, convainquant ainsi le démocrate anti-avortement Bart Stupak d'annoncer son ralliement et celui de ses partisans. Qu'importe. L'histoire, qui n'a pas la mémoire des détails, retiendra l'essentiel: la réforme issue de ce vote et non les concessions de dernière minute.

L'histoire retiendra aussi que ce président-là a réussi où d'autres, et pas des moindres, ont échoué. À force d'entêtement et de compromis, en usant de son charisme en public et de persuasion en coulisses, bref en ne négligeant aucun effort ni aucune stratégie susceptibles de faire avancer son projet, il a fait passer une réforme qui, sans régler tous les problèmes, corrige un modèle devenu insoutenable. Mais s'il y est parvenu, c'est aussi parce que d'autres ont déblayé le terrain avant lui, montrant qu'il était fertile mais aussi où l'on pouvait s'y enliser.

Obama retirera tout le mérite de l'affaire et, de fait, la plus grande part lui revient. Sans capitaine, cette galère ne serait jamais arrivée à bon port. Les dizaines de millions d'Américains qui bénéficieront d'un meilleur accès aux soins de santé au cours des prochaines années devraient cependant avoir une petite pensée pour certains représentants démocrates.

Ils sont quelques-uns, en effet, à avoir accepté de mettre leur siège en danger en votant pour ce projet de loi. Leurs voix, ralliées une à une au cours des derniers jours, ont pesé lourd dans la balance. Elles risquent aussi de peser lourd sur leur avenir politique aux élections de l'automne. C'est aussi grâce à des élus comme ceux-là, qui ont accepté d'appuyer une idée susceptible de profiter à d'autres électeurs que les leurs, que cette réforme est enfin devenue réalité. Bien sûr, il a fallu un peu de tordage de bras pour en arriver là, mais au final, chacun est libre de sa conscience. Une part du mérite qui rejaillit aujourd'hui sur Obama leur revient de droit.

 

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion