Poursuivie par la Securities and Exchange Commission (SEC), soumise à la question pendant près de 10 heures par un sous-comité du Sénat cette semaine, la banque d'affaires Goldman Sachs est devenue le symbole de tout ce que les Américains reprochent à Wall Street. Est-elle coupable de ce dont on l'accuse? C'est loin d'être certain. Mais toute cette publicité négative pourrait lui coûter cher à la longue.

Poursuivie par la Securities and Exchange Commission (SEC), soumise à la question pendant près de 10 heures par un sous-comité du Sénat cette semaine, la banque d'affaires Goldman Sachs est devenue le symbole de tout ce que les Américains reprochent à Wall Street. Est-elle coupable de ce dont on l'accuse? C'est loin d'être certain. Mais toute cette publicité négative pourrait lui coûter cher à la longue.

Les rumeurs de règlement rapide avec la SEC qui ont commencé à circuler hier n'ont rien d'étonnant. Même s'il n'est pas certain que les autorités financières américaines aient assez de munitions pour la faire condamner, Goldman n'a pas intérêt à ce que l'affaire traîne en longueur. «Ce fut l'une des pires journées de ma carrière», a dit le grand patron Lloyd Blankfein à propos de ce vendredi fatidique où la SEC a déposé ses accusations, il y a deux semaines. Il aurait pu ajouter: depuis, c'est le jour de la marmotte. Dans l'univers de l'information continue, il ne se passe pas une journée, une heure même, sans qu'un média ne rappelle les courriels embarrassants échangés à l'interne.

Puissante, prospère et proche du pouvoir, Goldman avait déjà pas mal de détracteurs. Mais cette irritation mêlée d'envie n'avait rien à voir avec ce qu'on entend depuis qu'elle fait l'objet d'une enquête. Les sénateurs ont tourné le fer dans la plaie mardi, citant ad nauseam des expressions comme «transaction merdique», révélatrices selon eux du cynisme de la firme. «Considérez-vous qu'il est de votre devoir d'agir dans l'intérêt de votre client?» a martelé une sénatrice.

Coincés dans leurs complets luxueux, soucieux de ne rien dire qui puissent les incriminer, les dirigeants de Goldman n'ont sûrement pas gagné la sympathie du public. Pourtant, sur le fond, leur position se tient. Leurs obligations synthétiques, ils ne les ont pas vendues à des veuves retraitées qui leur auraient confié leurs économies, mais à des institutions dirigées par des professionnels de la finance. Si Goldman leur a caché des informations, comme le lui reproche la SEC, c'est autre chose. Mais jusqu'à preuve du contraire, ces acheteurs n'ont rien de victimes innocentes.

* * *

Le titre de Goldman a perdu 13% de sa valeur le jour où la SEC l'a accusée formellement. Il est descendu quelques cents plus bas encore hier. Pourtant, c'est loin d'être le plus inquiétant. Plusieurs spéculateurs misent d'ailleurs sur une remontée du titre dès juin. Goldman demeure la banque d'affaires la plus profitable de Wall Street et même si elle écopait d'une amende de la SEC, ce n'est pas cette somme qui l'ébranlerait.

La plus grande vulnérabilité de la firme se trouve bien en vue dans l'énoncé de ses principes d'affaires. En tête de liste: «Les intérêts de nos clients passent toujours en premier.» Si ceux-ci commencent à en douter, et à lui préférer ses concurrents, alors là, oui, Goldman aura un problème. Elle a intérêt à tourner la page avant que ça ne se produise.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion