Le potentiel cancérigène des milliers de produits chimiques utilisés couramment en Amérique du Nord est très mal connu. Mais ce champ d'études vient de recevoir un appui de taille. Il doit jouer un rôle central dans la prévention, recommande le panel scientifique qui conseille le président américain dans la lutte au cancer. Un message qu'on n'a pas intérêt à ignorer.

Le potentiel cancérigène des milliers de produits chimiques utilisés couramment en Amérique du Nord est très mal connu. Mais ce champ d'études vient de recevoir un appui de taille. Il doit jouer un rôle central dans la prévention, recommande le panel scientifique qui conseille le président américain dans la lutte au cancer. Un message qu'on n'a pas intérêt à ignorer.

«Notre nation a encore beaucoup de travail à faire pour identifier les nombreux carcinogènes environnementaux existants mais méconnus, et pour éliminer ceux qui sont connus dans nos milieux de travail, nos écoles et nos maisons», plaident les auteurs dans leur lettre au président Obama. Plus de 80 000 produits chimiques sont utilisés aux États-Unis, mais seulement quelques centaines ont été testés pour s'assurer qu'ils étaient sans danger, soulignent-ils dans leur rapport rendu public jeudi.

La position de ces deux scientifiques qui avaient été nommés par le président Bush est audacieuse, car elle est loin de faire l'unanimité. Ce que n'a pas manqué de critiquer la Société américaine du cancer. «(La) conclusion selon laquelle “le vrai fardeau des cancers induits par l'environnement (c'est-à-dire la pollution) a été grossièrement sous-estimé” ne représente pas un consensus scientifique. Elle reflète plutôt l'un des côtés d'un débat scientifique qui se poursuit depuis près de 30 ans», a rappelé la Société.

On comprend que l'organisme ait été piqué au vif par le passage du rapport qui dénonce l'étroitesse des cibles de prévention actuelles, comme le tabagisme et les autres comportements individuels. Mais sur le fond, le comité a raison de dire que «la santé environnementale, incluant les risques de cancer, a été largement exclue des politiques nationales visant à protéger et à améliorer la santé».

Si on est aujourd'hui en mesure de dire que l'obésité et le tabagisme sont des facteurs de risque importants dans l'apparition de certains cancers, c'est parce qu'on a consacré beaucoup de temps et d'argent à les étudier. Or, plusieurs substances chimiques utilisées en industrie, en agriculture et dans les foyers produisent des effets troublants en laboratoire. Ce sont des signaux d'alarme dont on doit tenir compte. A-t-on oublié ce qu'il a fallu de recherches et d'enquêtes avant de réussir à classer la cigarette au rayon des produits nocifs?

L'industrie chimique est généralement en mesure de démontrer que ses produits, lorsqu'ils sont utilisés selon les procédures recommandées, ne sont pas dangereux pour la santé. Sans doute. Mais ça ne couvre qu'une partie du problème. Au moins deux inconnues de taille subsistent.

On ne sait pas grand-chose sur les interactions entre toutes ces substances qui s'accumulent dans l'environnement et dans le corps humain. Plus inquiétant encore, on ignore leurs effets sur le développement des foetus et des jeunes enfants. Sauf que plusieurs études soulèvent des questions troublantes. La lutte au cancer ne peut pas se permettre de les ignorer.

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